Tragédie dans l’Eure, devoir de protection
Mis à jour le 28.09.23
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Le décès d’une fillette sous les coups de ses parents dans l’Eure en ce début de semaine a suscité un émoi légitime. La FSU-SNUipp s’associe à cette émotion face à ce drame effroyable mais dénonce la défaillance de la communication de l’institution.
Le traitement médiatique du décès de la fillette sous les coups de ses parents vis à vis de la directrice de l’école a été proprement scandaleux. Les bandeaux télévisés de certaines chaînes d’info en continue tels que “meurtre de Lisa : la directrice suspendue” forment un raccourci qui la jette en pâture à l’opinion publique, donnant l’impression qu’elle serait complice, voire responsable de ce meurtre.
Devoir de protection
L’annonce que la directrice était “suspendue à titre conservatoire” sans autre forme d’explication révèle une communication de l'institution défaillante. Le rectorat aurait dû rappeler que la “suspension à titre conservatoire” est une mesure de protection nécessaire évitant la mise en arrêt maladie. Une position réglementaire du fonctionnaire dans ce type d'affaires où celui-ci doit être protégé des médias et des sollicitations des parents de l'école.
La FSU-SNUipp est intervenue auprès du rectorat et auprès du ministre pour que cette explication soit faite. La rectrice a donné des précisions dans un deuxième temps, au travers d’un communiqué de presse.
La gravité de ce type d'événement nécessite que cela soit traité avec sobriété et recul nécessaire afin que les informations communiquées officiellement ne puissent pas donner lieu à interprétation. Le sensationnalisme et l’opportunisme n’ont pas leur place dans ce type d'affaires. L'intérêt des enfants, des familles et des personnels concernés doit prévaloir.
La FSU-SNUipp apporte tout son soutien à la directrice de l’école et à l’ensemble de la communauté éducative face à cette terrible épreuve.
Donner les moyens de prévenir
Ce fait divers rappelle malheureusement une nouvelle fois les difficultés auxquelles sont confrontées au quotidien les équipes enseignantes et plus particulièrement les directrices et directeurs d’école qui, faute de temps et d’aide administrative, peinent à assurer sereinement leurs missions spécifiques. La gestion de l’assiduité scolaire nécessite notamment des contacts réguliers avec les familles et il est parfois difficile de distinguer ce qui relève de l’absence justifiée de ce qui relève de l’alerte. En ce sens, en surchargeant les personnels, le ministère porte aussi la responsabilité de les obliger à consacrer trop de temps à des tâches subalternes de saisie de données et à les éloigner de ce qui paraît essentiel au fonctionnement de l’école.
C’est pourquoi la FSU-SNUipp revendique une décharge minimale d’une journée par semaine mais également une aide administrative pour dégager du temps aux directeurs et directrices d’école, notamment pour assurer cette nécessaire protection de l’enfance.
Ce sujet est un enjeu majeur qui nécessite aussi une formation sérieuse et des moyens humains pour appliquer les procédures réglementaires. A l’école, le manque d’assistantes sociales, d'infirmières, de médecins ou de PsyEN met régulièrement en difficulté les équipes.
Plus largement, avec la disparition progressive de services publics aussi essentiels que les PMI ou les centres d’action sociale, c’est toute la chaîne de prévention qui est mise à mal permettant ainsi que de tels drames se produisent.
La FSU-SNUipp sera toujours aux côtés des personnels et veillera à ce que les droits de chacun et chacune soient respectés.