A deux c'est mieux
Mis à jour le 17.06.21
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Portrait croisé de deux enseignantes qui pratiquent au quotidien la liaison inter-cycles.
Pour rencontrer Véronique Minvielle, enseignante en GS-CP et sa collègue de CP-CE1 Émilie Larrivière, il faut s’aventurer en Chalosse, une région du sud des Landes (40) verdoyante et vallonnée, à rebours de l’image traditionnelle des grandes forêts de pins bordant l’Atlantique. C’est au sein du RPI* des 3 Pouys, constitué des communes de Montsoué, Sarraziet et Coudures, aux sommets d’un triangle d’environ cinq kilomètres de côté qu’enseignent Véronique et Émilie. Véronique travaille depuis une trentaine d’années à Montsoué, village qui regroupe les cinq classes de maternelle. « Au gré des effectifs, nous sommes amenés à constituer des GS/CP, comme en ce moment, précise-t-elle. Même si ce sont des cycles différents, on perçoit bien ce qui va permettre aux élèves de GS de mieux aborder les apprentissages du CP : une conscience phonologique, des aides pour entrer dans la lecture et dans l’écriture. Comme une partie des CP est dans la classe d’Émilie, harmoniser nos pratiques nous est apparu comme une évidence. »
Émilie, plus jeune dans le métier et isolée dans sa petite école de Sarraziet, a immédiatement apprécié de pouvoir travailler avec Véronique. « C’est encore plus important dans un RPI, souligne-t-elle. Il y a deux moments importants : la rentrée où on discute des progressions, des outils, des projets et la fin d’année où on fait un bilan complet qui nous permet de corriger le tir pour l’année suivante. »
Dans la classe et au-delà
Les deux maîtresses se rencontrent au moins une fois par mois et échangent quotidiennement par téléphone et courriel mais elles ont aussi parfois l’occasion de se retrouver avec leurs élèves. « Nous regroupons les deux classes pour une journée d’échanges en fin d’année et pour les sorties comme bientôt une sortie avec nuitée dans un centre équestre, » explique Véronique. Quant aux projets communs, ils ne se limitent pas aux français et aux maths. « Nous venons d’organiser toutes les deux un élevage de poussins, ça a nous a permis d’échanger et de comparer le développement des animaux », raconte Émilie. Une école rêvée dans les petits villages préservés de Chalosse ? Bien sûr que non. Comme partout sur le territoire, Véronique et Émilie sont parfois rattrapées par les difficultés d’exercice du métier. « Tout cela prend beaucoup de temps et c’est parfois difficile à concilier avec une vie de famille et des enfants en bas âge », déplore Émilie. « Nous accueillons de plus en plus d’élèves en situation particulière qui peuvent perturber toute la classe », relève Véronique. Pas de portrait croisé sans une petite question sur ce qu’on pense de l’autre. « J’étais novice en CP, Véronique avait beaucoup d’expérience, je me suis pas mal appuyée sur elle, témoigneÉmilie. Elle est à l’écoute et toujours curieuse d’expérimenter dans son travail. » « C’est une fille pleine d’énergie, sourit Véronique, elle avait des choses à apprendre mais déjà une idée précise de ce qu’elle voulait faire. » Toutes deux tombent d’accord : leur relation de travail construite sur la confiance et le respect mutuel est aussi une aide sur le plan personnel. L’an prochain, c’est une véritable coopération inter-cycles que poursuivront les deux collègues et amies puisque Véronique n’aura plus que des GS et Émilie, un CP-CE1.
*Regroupement pédagogique intercommunal