AESH, c'est un métier

Mis à jour le 08.12.20

5 min de lecture

Les aesh sont indispensables dans les écoles mais si mal reconnu.es. Beaucoup reste à faire !

100 000 AESH accompagnent au quotidien les élèves en situation de handicap. Au fil des années, leurs missions ont été précisées pour passer de la notion d’intégration à celle d’inclusion. Ce travail réclame un véritable savoir-faire professionnel que l’institution ne reconnaît toujours pas.

En l’espace d’un peu plus de quinze ans, leur nombre est passé de 6 000 à 100 000. Les Accompagnantes des élèves en situation de handicap (AESH), très majoritairement des femmes, représentent dorénavant près du quart des adultes employés par l’Éducation nationale dans les écoles. Leurs missions ont été précisées progressivement. D’abord avec la mise en œuvre en 2005 de la loi handicap qui assoit le droit de tous les enfants en situation de handicap à être scolarisés et, suivant les prescriptions de la Maison départementale des personnes handicapées, de bénéficier d’un accompagnement. Puis, à partir de 2013, avec l’évolution de la notion d’intégration vers celle d’inclusion.

Manque de reconnaissance professionnelle

Les AESH ont pris une telle importance dans la scolarisation de ces enfants que personne dans les écoles n’imaginerait que l’on puisse s’en passer. Cependant, leur travail souffre d’un manque de reconnaissance de la part de l’institution : emplois à temps partiel le plus souvent, salaires particulièrement bas et défaut de formation pour nombre d’entre elles. Bref, la précarité est souvent leur lot quotidien et en ne les incluant pas dans les discussions sur les hausses salariales, le ministère a refusé, malgré les demandes des organisations syndicales, de faire un pas vers ces personnels exerçant un vrai métier demandant un savoir-faire professionnel particulier. C’est pour cela que le SNUipp-FSU réclame la création d’un corps de fonctionnaires. Avec six autres organisations, la FSU demande dans un courrier envoyé au ministre le 19 novembre « de présenter des mesures salariales urgentes pour les AESH ». Accompagner ces élèves demande une connaissance des diverses formes de handicap. C’est principalement sur ces questions qu’est centrée leur formation, quand elles en ont une. Mais au quotidien, définir leur place et leur action dans la classe est beaucoup plus complexe. Plusieurs impératifs s’imposent. D’abord, dans le couple PE-AESH, il convient d’être au clair sur les prérogatives de chacun. « Travailler en étroite collaboration au profit du projet de scolarisation de l’élève (…) appelle avant tout un véritable accueil de l’AESH dans l’école, par tous les acteurs de la communauté éducative qu’elle rejoint. Cela passe aussi par une connaissance partagée des missions des uns et des autres », estime Grégoire Cochetel ancien formateur en Inspé. L’idée d’offrir une formation commune associant PE et AESH semble pertinente. Cela commence à se mettre en place pour le duo ATSEM-PE.

“Travailler  en étroite collaboration au profit du projet de scolarisation de l’élève (…) appelle  avant tout 
un véritable accueil de l’AESH dans l’école, par tous les acteurs de la communauté éducative qu’elle rejoint’’

Apprendre à l’élève à être autonome

Autre impératif : savoir comment se situer par rapport à l’élève. AESH dans une école du 19e arrondissement de Paris, Aïcha Dembélé a bien conscience de la finesse avec laquelle il faut résoudre cette équation. « J’essaie de rester en retrait la majorité du temps afin qu’elle apprenne à être autonome. Je suis plutôt là pour la sécuriser lorsqu’elle en a besoin et pour éviter qu’elle s’éparpille comme elle a tendance à le faire », témoigne-t-elle en parlant de Léna, élève de moyenne section. Mais, elles ont beau être 100 000, ce chiffre reste insuffisant pour placer une AESH à côté de chaque élève à besoins particuliers. On assiste à un phénomène de mutualisation qui peut parfois permettre une meilleure organisation et d’autres fois, pallier le manque d’effectif.

De véritables gestes professionnels

De son côté, Laurence Noël, AESH rattachée à une ULIS dans les Pyrénées-Atlantiques, accompagne 12 enfants. Tous n’ont pas le même handicap : cela nécessite des types d’aide différents et de véritables gestes professionnels. « Certains sont plus fatigables, d’autres avancent à un rythme différent », explique-t-elle, « je joue sur des relances ou au contraire je les laisse tranquilles. J’ai le luxe de pouvoir leur permettre de prendre le temps ». Le travail de Laurence appelle aussi un travail en équipe, la collaboration avec l’enseignante de la classe ULIS ne suffit pas. Il faut tenir compte des attentes des PE dans les différentes classes de rattachement des enfants .
Pour réussir l’inclusion, il convient de « passer de la position surplombante de l’expert à une fonction où l’on se place au côté de l’élève, où l’on partage avec lui, où l’on avance avec lui. Non pas pour dicter à l’élève ce qu’il doit faire mais pour mettre ses propres compétences au service de l’élève. Ainsi l’enseignant et l’accompagnant, en se mettant au côté de l’élève, vont tenter de comprendre son fonctionnement pour justement s’adapter », explique Christine Philip, responsable de formation à l’INS-HEA. Ces compétences ne relèvent-elles pas d’un vrai métier ? La réponse semble évidente.

PG dossier

En finir avec la précarité

Avec 760 € net mensuels, le salaire moyen des AESH est bloqué pour la majorité de ces personnels à un indice plancher et reste parmi les plus bas de la Fonction publique. De plus, si la mise en place des PIAL devait entre autres, selon le ministère, leur permettre d’avoir des emplois à temps complet, la réalité reste tout autre : 62 % d’entre eux subissent des temps incomplets imposés. Le SNUipp-FSU, dans le cadre d’une intersyndicale, continue d’exiger la sortie de ces personnels de la précarité. Il demande pour cela une revalorisation immédiate et conséquente et la fin des recours massifs aux temps incomplets. Leur reconnaissance professionnelle passe également par la création d’un corps de fonctionnaires correspondant aux missions qu’ils et elles assurent auprès des élèves en situation de handicap.

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