Analyse
Mis à jour le 16.04.22
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...quel état d'esprit des PE ?
MAGALIE GÉRARD
est directrice adjointe du département Politique-Opinion de l’institut Harris Interactive
Dans quel état d'esprit sont les PE en 2022, dix ans après l'enquête de 2012 ?
En termes de satisfaction, le regard des enseignants se durcit. Il y a un sentiment de difficulté qui s’est exacerbé au cours des dix dernières années, un décalage entre l’attachement à leur métier et la manière dont ils le vivent au quotidien. La relation aux élèves, à l’école, à leurs collègues, la transmission des savoirs, appréhendés par nombre d’entre eux comme un accompagnement au long court sont autant d’éléments au cœur de leur motivation et constituent des structurants forts de la satisfaction à l’égard de leur métier. Mais dans le même temps, des éléments de crispation majeurs sont relevés par une majorité d’entre eux : les enjeux d’effectifs, le déficit de formation, la rémunération notamment. Au final, seuls 26 % des enseignants se disent satisfaits de leur situation professionnelle. Le solde de tout cela est négatif, avec aujourd’hui 33 % des enseignants qui ont l’intention de changer de métier. Je crois que la question du manque de reconnaissance est globalement un élément d’explication majeur. Nombreux sont ceux qui pensent que leur métier dispose d’une mauvaise image auprès des Français, une majorité écrasante exprime, par ailleurs, une défiance marquée à l’égard du ministère de tutelle et des pouvoirs publics en général. Le sentiment de n’être ni soutenus, ni compris, ni valorisés n’est sans doute pas étranger à ce regard négatif qu’ils portent aujourd’hui sur leur métier.
Comment expliquer la différence de perception du métier enseignant ?
La profession enseignante est extrêmement importante aux yeux des Français, cela renvoie plus globalement à l’image qu’ils ont de l’école et de son rôle dans la société. Il y a un regard très bienveillant et ce, en dépit de la crise sanitaire qui a pourtant compliqué le fonctionnement de l’école. 56 % des Français déclarent avoir une bonne image des enseignants, une bonne image qui perdure dans le temps, voire progresse. Un ressenti positif qui n’arrive pas jusqu’aux enseignants qui majoritairement pensent qu’une image dégradée de leur métier domine les représentations dans l’opinion. C’est sans doute la projection de leurs propres difficultés conjuguée à une situation qu’ils vivent de manière très insatisfaisante, marquée par un manque de reconnaissance qui contribuent à cette vision dépréciée de leur métier domine les représentations dans l’opinion. C’est sans doute la projection de leurs propres difficultés conjuguée à une situation qu’ils vivent de manière très insatisfaisante, marquée par un manque de reconnaissance qui contribuent à cette vision dépréciée de leur métier.
Comment expliquer la défiance des enseignants vis-à-vis du ministère de l'EN ?
Les enseignants expriment une très grande défiance vis-à-vis de l’institution. Ils ont le sentiment de ne pas être reconnus, soutenus, entendus. Ce n’est pas nouveau et installé de longue date, ce n’est pas non plus un constat isolé. Dans la société française, il y a une défiance importante à l’égard des institutions, quel que soit le secteur considéré. Le mécontentement est très fortement cristallisé à l’égard des pouvoirs publics et du ministère plus précisément. La crise sanitaire et les protocoles qui s’y sont succédés, le fait que les enseignants aient été en première ligne, sans être toujours associés aux décisions, sont autant d’éléments qui ont pu contribuer à renforcer cette défiance qui ne date pas d’hier mais qui aujourd’hui anime 94 % d’entre eux.