« Apprendre à réfléchir »

Mis à jour le 03.09.19

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Élisabeth Bautier, chercheuse en sciences de l'éducation, explique le rôle réflexif de l'école

1. Quels sont les savoirs nécessaires à l’école ?

Les savoirs fondamentaux le sont, comme leur nom l’indique. Savoir lire, écrire et compter reste bien sûr absolument nécessaire mais ils ne sont absolument pas suffisants. Il n’est même pas sûr que ce soit un préalable pour permettre aux enfants de bénéficier des situations scolaires et d’apprentissage proposées par les enseignants. Ainsi la compréhension littérale d’un texte n’est pas inutile mais n’épuise pas toute la situation de compréhension que l’on attend d’un élève, comme la finalité ou la globalité d’un récit. Dans C’est moi le plus fort, de Mario Ramos il s’agit bien de comprendre que l’auteur veut montrer que le loup est très orgueilleux mais qu’il y a toujours plus fort que soi et pas seulement de relever les différents tableaux répétitifs de l’histoire. Aujourd’hui l’exigence scolaire est devenue plus grande. Il est essentiel que tous les enfants participent de réflexions et de raisonnements complexes mobilisant des savoirs pour pouvoir écrire, penser et réfléchir avec.

2. Ça complexifie la tâche de l’école…

Bien sûr, mais c’est son rôle si l’on veut que les enfants participent toutes et tous d’une même société. Il s’agit moins de contenus d’enseignement que d’acquérir des formes de réflexions, d’usages du langage, d’analyse et de compréhension des textes et des phénomènes. Il ne suffit plus de savoir les mêmes Fables de La Fontaine, axiomes mathématiques ou de connaître les capitales. Ce que la société demande aujourd’hui c’est d’utiliser les différents savoirs pour raisonner, argumenter, justifier, élaborer. Or, savoir écrire ou parler en mobilisant des informations et des savoirs ne fait pas souvent partie des programmes, c’est pourtant ce qui est sollicité par la plupart des activités scolaires actuelles. La définition contemporaine de la culture commune scolaire dépasse la seule culture patrimoniale passée et présente pour inclure ces modes de réflexions et ce, dès la maternelle. L’école a aussi en charge d’apprendre à réfléchir et raisonner pour comprendre la complexité du monde et pouvoir s’y situer.

3. Comment doit-elle s’y prendre ?

Commencer par travailler l’apprentissage de la lecture n’entraîne pas de différer d’autres apprentissages aussi complexes ; sinon, on prend le risque que certains élèves n’y accèdent jamais car ce n’est pas un élément de programme mais de formation de la pensée, de la réflexion. L’écart se creuserait plus encore entre eux et ceux que la socialisation familiale habitue à questionner, comprendre que les objets du monde sont aussi objet de questionnement et de compréhension des phénomènes qui les constitue, que la langue est objet de description et d’analyse. L’école doit construire chez les élèves qui n’ont que l’école pour ces habitudes de questionnement, d’objectivation du monde, sans lesquelles les savoirs scolaires deviennent sans intérêt et sans saveur. L’ensemble des enfants, même de REP, y accèdent, si on les y conduit. C’est « seulement » une exigence à avoir de manière systématique et qui peut rendre passionnant le métier enseignant.

Culture commune E.Bautier®Mira_NAJA

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