Culture commune, c'est fondamental

Mis à jour le 04.09.19

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Au-delà du « lire, écrire, compter, respecter autrui », l'école doit se montrer plus ambitieuse

- Socle ou culture commune, choisir les deux
- Reportage : Le street-art, c'est school
- Interview d'Elisabeth Bautier "Apprendre à réfléchir"
- Reportage : "De l'eau à leur moulin"
- Interview de Roger-François Gauthier "Se débrouiller dans la complexité du monde"

À quoi ça sert l’école ? Voilà une question qui mériterait un micro-trottoir au JT de 20 heures en cette rentrée. Si les réponses pourraient s’avérer d’une grande diversité, il y a un point sur lequel vraisemblablement chacun et chacune s’accorderait, « l’école ça sert à apprendre ». Oui mais, à apprendre quoi ? Pour paraphraser Jules Ferry on pourrait dire que l’école doit enseigner aux élèves tout ce que nul citoyen ne saurait ignorer. Cette formulation laisse cependant une large interprétation à la définition de ce qui ne doit pas être ignoré et donc, de ce qui doit être enseigné pour former les citoyennes et les citoyens de demain.
Depuis son arrivée au ministère, Jean-Michel Blanquer a clairement affiché sa vision. Il a mis en ordre de marche l’institution pour qu’elle se concentre sur les fondamentaux. Pour lui, ces derniers se résument au « lire, écrire, compter » et aussi, « respecter autrui », un socle a minima sur lequel l’élève doit s’appuyer pour avancer dans sa scolarité, devenir à l’âge adulte un individu social. Il ne faudrait pas minimiser les enjeux auxquels le ministre entend répondre. Nationales ou internationales, la plupart des études montrent que 20 à 30 % des élèves quittent le primaire sans maîtriser les attendus en français et en maths. À 15 ans, beaucoup sont encore en difficulté, par exemple en matière de compréhension de l’écrit (lire "Une école à l'étroit").

La culture qui permet de lire, écrire, compter

Comment y remédier ? Les choix faits par le ministre ne semblent pas devoir apporter de recette miracle. La France est déjà un des pays de l’OCDE qui consacre le plus d’heures d’enseignement à ces disciplines. Faut-il encore en rajouter alors que d’autres pays, qui en dispensent moins, obtiennent de bien meilleurs scores aux études PISA ? Peut-être faut-il regarder les choses autrement ; envisager la possibilité que l’école n’est pas simplement le lieu où l’on apprend à lire, écrire, compter, mais le lieu où l’on acquiert la culture qui permet de lire, écrire, compter. Vue sous cet angle, la finalité ne serait plus d’enseigner seulement quelques compétences instrumentales, mais de donner à l’école une ambition plus large : doter les élèves d’une culture commune.
Alors, quelle culture commune ? À chaque alternance politique on assiste à une sorte de jeu de balancier (lire ICI). Pour réussir à l’école, l’horizon à atteindre est donc un socle commun de connaissances, de compétences et de culture comprenant bien la culture commune à l’inverse du socle Fillon de 2005 conçu comme une sorte de SMIC culturel. En effet, si certains élèves arrivent à l’école avec déjà un bagage culturel en connivence avec l’école, d’autres, de familles les plus défavorisées, ont besoin d’outils.
Face à la complexité à comprendre le monde, les questions posées ne relèvent pas d’une seule discipline. Ce n’est pas juste en faisant des maths qu’on arrêtera le réchauffement climatique, il y faut de la technologie, de la chimie, de la mécanique, de la sociologie, de la philosophie, du vivre ensemble et du collectif, des règles, de la créativité, de l’imagination... « Si l’on veut que les enfants participent toutes et tous d’une même société. Il s’agit moins de contenus d’enseignement que d’acquérir des formes de réflexions, d’usages du langage, d’analyse et de compréhension des textes et des phénomènes », estime Elisabeth Bautier, spécialiste en sciences de l’éducation.

Construire des références communes

La question est de savoir comment font les PE dans leur classe. Sans doute par petites touches, en donnant du sens à certaines matières pour amener les élèves au-delà d’un savoir disciplinaire. Sans doute aussi en préparant des séances spécifiques sur certaines questions en atelier philo, en débat réglé, en histoire, en géographie. Là encore il n’y a pas de solution toute faite. Dans une école de Saint-Étienne (42), c’est en invitant des street-artistes à laisser leur empreinte sur les murs que l’équipe permet aux élèves de construire des références communes, un vécu partagé. À Gérardmer (88) c’est en travaillant sur la mémoire et le patrimoine culturel local que l’école des Bas-Rupts crée du commun entre les élèves.
« Est-ce que l’on va vouloir former des enfants ou des adultes “hexagonaux”, qui n’apprennent que l’histoire de France, la littérature française ou est-ce que l’on veut former des humains qui vivent avec les autres sur la même planète ? Veut-on une école qui forme de bons petits soldats, des ouvriers qui ne la ramènent pas ou des citoyens ? », interroge Roger-François Gauthier, inspecteur général de l’Éducation nationale (lire page 19), esquissant ainsi les véritables enjeux qui traversent l’école aujourd’hui.

Une école à l’étroit

Une école réduite au « lire, écrire, compter, respecter autrui » ? Voilà ce que le ministre Jean-Michel Blanquer n’a eu de cesse de répéter depuis son arrivée rue de Grenelle. Son but : flatter une partie de l’opinion publique en promettant via les médias et sans concerter la profession un retour de l’école à la papa. Ce pseudo âge d’or où les élèves déclamaient par cœur tables de multiplication ou conjugaisons… Notes au B.O centrées grammaire, lecture, calcul, problèmes dès avril 2018, guide CP puis ajustements de programmes, animations pédagogiques uniquement français maths… voilà qui allait remettre l’école française à la première place des comparaisons internationales ! Pourtant, dans ces mêmes comparaisons, la France est déjà championne des « fondamentaux ». Avec 1 656 h consacrées à la langue, elle devance ses voisins et avec 900 heure de maths elle est sur le podium. Quid des autres disciplines ? Le ministre n’en parle guère, si ce n’est, en musique, pour prôner une chorale dans toutes les écoles, là encore très cadrée !

Les six pages du dossier téléchargeables

04 septembre 2019

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