Apprendre ensemble coûte que coûte
Mis à jour le 19.10.20
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Reportage en Seine-Maritime : apprendre ensemble, un fil rouge même en temps de Covid-19.
Cris de joie, papotages, parties tournantes au ping-pong, c’est le spectacle qu’offre la cour de récréation des vingt-neuf CM1-CM2 de l’école de Montérolier en ce lundi de fin d’été en Seine-Maritime. « L’école a repris depuis plus de 3 semaines et pas une seule fois encore la classe n’a été au complet du fait de cas suspects à la Covid-19 », déplore l’enseignant Sylvain Grandserre. La situation sanitaire l’a obligé à repenser sa classe. « Pour respecter au maximum les distanciations et limiter les échanges, j’ai choisi un aménagement plus traditionnel en « autobus » au lieu d’une disposition en face à face en « E » mais pour autant je ne renonce pas à la richesse qu’apporte le groupe classe », déclare-t-il.
Entraide au menu
En ce début d’année, Sylvain a pour objectif que tous les élèves comprennent le fonctionnement de la classe. Il privilégie les relations duelles et met momentanément de côté le travail en groupe. Affichages, tableaux sur lesquels les élèves s’inscrivent, plans de travail, exposés… peu importe que l’on soit en CM1 ou CM2, tous les élèves participent et savent qu’ils peuvent compter sur les autres pour être éclairés. « Ce qui est bien, c’est que ce n’est pas que le maître qui aide », rapporte Rayan. Des tuteurs sont identifiés et chaque élève peut s’y référer à n’importe quel moment de la journée pour expliciter un exercice, comprendre une consigne ou encore expliquer comment accéder à la salle de motricité en obtenant trois étoiles à son permis. « Cela oblige les tuteurs à verbaliser correctement sans faire « à la place de », cela développe de sacrées compétences », précise l’enseignant. Sans compter que le tutorat est également source de contentement pour tous. « J’aime aider pour que les copains sachent des choses, ça me fait plaisir quand ils réussissent », souligne Kaïss. Quant à Solène, ça la rassure de se faire aider, elle se sent moins inquiète et ose plus. « Travailler ensemble met de la bonne humeur, créé de la solidarité et permet à tous les élèves d’être actifs » selon l’enseignant.
Contourner les difficultés
Si la situation sanitaire est un paramètre incontournable auquel Sylvain est très attentif, réduire sa liberté et ses ambitions pédagogiques ne sont pas à l’ordre du jour. Ne pouvant travailler en atelier, l’enseignant mise sur pluws d’échanges oraux. « La parole, c’est une façon de se déplacer en restant à sa place », se plaît-il à dire. Pour alimenter le désir d’apprendre, il met en place des projets classe, défis math, les Embouquineurs*... Afin de contrecarrer la limitation des déplacements à l’intérieur des locaux, il fait classe dehors en organisant des visites dans le hameau. Pour travailler avec d’autres élèves, il a débuté une correspondance avec l’école de Brachy (Seine-Maritime) et prépare déjà le grand concert de chorale de fin d’année. Si élèves et enseignant aspirent à retrouver un fonctionnement normal, ils prennent leur mal en patience et attendent des jours meilleurs pour pouvoir travailler à nouveau en groupe, retrouver un aménagement de classe qui permette plus de fluidité, sortir sans contraintes et rencontrer les correspondants.
*Prix littéraires pour la jeunesse reposant sur le vote des enfants eux-mêmes pour le livre qu’ils ont préféré parmi la sélection : être acteur en étant critique.