Apprendre...jouons collectif !

Mis à jour le 05.10.20

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La crise de la COVID-19 ou l’indispensable besoin d'apprendre en classe et ensemble.

La crise de la Covid-19 aura mis en exergue l’indispensable besoin de « faire classe », c’est-à-dire d’apprendre aux élèves à coopérer, à faire ensemble, à « jouer collectif » pour mieux entrer dans leurs apprentissages. Les pratiques coopératives ne s’improvisent pas et réclament un savoir-faire professionnel de l’enseignant concepteur.

La période de confinement aura démontré, pour des raisons diverses, que l’enseignement à distance est loin d’être la panacée. Le confinement aura aussi montré à celles et ceux qui avaient pu l’oublier que « faire classe » a un sens et des vertus pédagogiques servant aussi bien les meilleurs élèves que ceux ayant le plus de mal à entrer dans les apprentissages.
Pour permettre à tous les enfants d’avoir école, dès la 3e République, il a bien sûr été pratique de les regrouper par tranche d’âge, mais il y avait aussi la volonté de former des citoyennes et des citoyens dans un espace commun. Cette micro-société est présente dès le départ et le modèle de la classe s’impose. Mais être ensemble suffit-il à « faire classe » ?

Des PE concepteurs

Les travaux en sciences de l’éducation pensent aujourd’hui la classe comme un espace collectif, permettant l’agir et le penser ensemble, la gestion de l’hétérogénéité, les échanges entre pairs, les interactions entre élèves et entre élèves et enseignants. Cette transformation ne s’est pas faite en un jour, c’est le fruit d’une évolution engagée par des praticiens soucieux de pédagogie et de réussite pour tous les élèves. Les personnels enseignants ne se revendiquent pas forcément comme des tenants de « l’éducation nouvelle », mais l’école n’est pour autant pas restée imperméable à ses principes. Les PE concepteurs de leur métier puisent ici et là ce qu’il y a de mieux pour leurs élèves.
Faire vivre le collectif classe et des pratiques coopératives ne se décrète pas. L’enseignement coopératif ça s’apprend aussi. Les INSPE devraient avoir leur rôle à jouer dans cette affaire et pour Sébastien Pesce, spécialiste des sciences de l’éducation à l’université d’Orléans, la pratique est, elle aussi, très formatrice. C’est « en pratiquant, en expérimentant, en se trompant » qu’on finit par y parvenir. Il ne faut pas rester seul. « Dans l’idéal, il y a des conseils de cycle ou des maîtres, qui permettent de se poser toutes ces questions, de réfléchir, d’échanger des pratiques », ajoute le chercheur tout en conseillant de se pencher sur l’abondante littérature consacrée à ces questions.

C'est mieux à plusieurs

C’est toute cette notion de collectif, de « faire et penser ensemble » parce qu’on apprend mieux à plusieurs que tout seul, que les équipes ont dû reconstruire en cette rentrée après six mois sans école. Là aussi, la créativité des équipes, leur professionnalisme n’a pas manqué d’importance. À l’école Jean-Jaurès de Sainte-Geneviève-des Bois dans l’Essonne, c’est par le biais de la philosophie que Stéphanie Castéra fait vivre le collectif. « Nous avons constaté un développement de l’argumentation, une meilleure écoute des autres et le respect du tour de parole. Même si les plus fragiles ont besoin d’abord d’être rassurés, presque tous, au bout d’un moment, prennent la parole et argumentent », confie-t-elle. Elle est persuadée que cette année, cela va permettre de « reprendre les habitudes du vivre ensemble un peu perdues pendant cette longue période à la maison et de réapprendre à s’écouter ».

Faire avec la Covid-19

« L’école a repris depuis plus de trois semaines et pas une seule fois encore la classe n’a été au complet, du fait de cas suspects à la Covid-19 », déplore Sylvain Grandserre du CM1-CM2 de l’école de Montérolier en Seine-Maritime, qui doit faire avec la situation sanitaire. Lui, a choisi de repenser la configuration de sa classe pour maintenir la distanciation physique. Mais il a aussi maintenu les principes d’entre-aide entre les élèves, le tutorat. « Cela oblige les tuteurs à verbaliser correctement sans faire « à la place de », cela développe de sacrées compétences ». Autrement dit tout le monde est gagnant, le tuteur qui explicite les enseignements déjà acquis, le « tutoré » qui bénéficie de l’aide précieuse d’un pair pour mieux assimiler les acquisitions. Céline Busch, docteure en psychologie sociale de l’université de Genève, résume les atouts d’une telle méthode de travail. « Le collectif va agir sur la motivation des élèves. Il y a trois besoins psychologiques importants pour soutenir la motivation : le besoin d’autonomie, de compétences et d’affiliation. Le collectif va venir soutenir et nourrir ces besoins ».

dossier

Favoriser les interactions

Une période compliquée professionnellement et la classe comme lieu incontournable des apprentissages, tels sont les principaux enseignements d’une enquête du SNUipp-FSU conduite du 23 avril au 4 mai 2020 par l’Institut Harris Interactive auprès des enseignants et enseignantes. Pour 90% des répondants, l’école à la maison a mis les inégalités scolaires sur le devant de la scène. Pour 83 % des sondés, le lien école-famille a été important dans la période pour renforcer les apprentissages. Une enquête qui loue aussi le rôle du groupe classe dans les apprentissages selon 86 % des personnes interrogées. Cet épisode a fait la démonstration, s’il en est besoin, qu’il ne suffit pas de transmettre des consignes pour que des apprentissages aient lieu et qu’apprendre en classe passe
par des interactions entre élèves et entre élèves et enseignants.

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