Rythmes scolaires : en l’état, c’est non !

Mis à jour le 24.11.25

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Les 133 membres, tiré·es au sort, de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant ont remis leur rapport le 23 novembre après 6 mois de travail. S’il évoque une réforme des rythmes scolaires qui, sans moyens, dégraderait les conditions de travail, il pointe surtout le sous-investissement massif et dramatique dans le champ de l’enfance, la surcharge et le manque de reconnaissance des personnels, les inégalités persistantes et l’inadaptation du bâti scolaire. Autant de constats qui viennent renforcer et légitimer la mobilisation du 2 décembre pour un budget enfin à la hauteur.

Le constat d’une école sous-investie

La Convention rappelle que “la dépense éducative représentait 6,8 % du PIB en 2024, soit 1 point de moins qu’au milieu des années 1990 (7,8 %). Nos enfants subissent les conséquences de ce désinvestissement. Nous devons arrêter toute économie faite sur nos enfants et sur les professionnels qui les entourent.” 

Revenir au niveau d’investissement des années 90 dégagerait 30 milliards d’euros pour réduire les effectifs, pourvoir aux urgences d’un service public d’Éducation au bord de la rupture et répondre aux besoins du premier degré, particulièrement sous-doté. Elle appelle à un plan pluriannuel d’investissement, en phase avec les revendications portées depuis des années par les personnels.

Modifier les rythmes scolaires : un impact insignifiant sur les inégalités d’apprentissage.

Le rapport de la convention citoyenne privilégie les travaux des chronobiologistes au détriment des recherches sur l’amélioration qualitative du temps de l’enfant. Un choix probablement en lien avec la lettre de saisine de François Bayrou qui orientait la question de manière biaisée.

La proposition d’une semaine de 5 jours, avec fin à 15h30, est présentée comme “le plus en adéquation avec les rythmes biologiques de l’enfant mais aussi plus globalement avec sa santé, son développement et ses apprentissages”. Or les comparaisons internationales invalident ces affirmations: il n’y a aucune corrélation entre organisation des rythmes scolaires et réduction des inégalités d’apprentissage. 

L’OCDE indique qu’il n’existe pas de modèle universel pour structurer le temps d’enseignement scolaire” et ajoute que, plus que l’organisation du temps scolaire, c’est “la qualité de l’enseignement et d’autres facteurs [qui] jouent un rôle déterminant”.

L’échec de la précédente réforme des rythmes scolaires, le manque de moyens, les inégalités territoriales que cela a engendré montrent aussi que sans un investissement important et global sur tous les temps éducatifs, ce genre de réforme est vouée à l’échec.

Mais certaines propositions du rapport vont dans le bon sens, comme la non réduction des vacances scolaires, la limitation à deux zones permettant une alternance 7-8 semaines d’école / 2 semaines de vacances, l’amélioration de la qualité du temps méridien ou de l’accueil avant la classe.

Le risque d’une externalisation des apprentissages scolaires

Avec la semaine de 5 jours, la Convention propose de concentrer les apprentissages théoriques le matin et les pratiques l’après-midi, sous contrôle du Projet Éducatif Territorial nouvelle génération. Ce modèle risque d’externaliser une partie des apprentissages, alors que la France est déjà malade des “fondamentaux” : 58 % du temps est consacré au français et aux mathématiques, au détriment des autres disciplines essentielles. Les pays de l’OCDE les plus efficaces contre les inégalités ont fait d'autres choix.

La complémentarité entre temps scolaires, périscolaires et extrascolaires est nécessaire, mais ne doit pas réduire le contenu scolaire. Pour cela, il faut renforcer à la fois les métiers de l’Éducation nationale et les métiers du péri et de l’extra scolaire. Financer les mouvements d’éducation populaire, qui participent à un temps hors école de qualité, est indispensable. 

Améliorer les conditions d’apprentissage et transformer le métier

Revalorisation salariale, réduction du nombre d’élèves par classe, statut des AESH, abandon des évaluations nationales standardisées et révision des  nouveaux programmes, sont également soulignés par la Convention.

Il est urgent de rompre avec les politiques éducatives actuelles,d’améliorer les conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves pour construire une école plus ambitieuse capable de faire réussir tous les élèves.

La transformation du métier enseignant doit passer par un allègement du temps de service des professeur·es, sans réduire le temps de scolarisation des élèves : 18 h devant élèves et 3 h pour préparer, se former et développer le travail collectif.

La baisse démographique donne la possibilité d’investir dans le système éducatif et l’éducation au sens large. La FSU-SNUipp portera cette exigence en se mettant en grève le 2 décembre.