« Ce n’est pas comme cela que nous envisagions la rentrée »
Mis à jour le 05.10.20
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Sur tout le territoire, des enseignant•es, parents et élus témoignent de leur rentrée de Nanterre aux Landes.
« Ce n’est pas du tout comme cela que nous avions envisagé cette rentrée ! », publie le 12 septembre Stéphane Spanu, directeur à Nanterre (Hauts-de-Seine), sur le récent site de l’école Pablo Picasso. Il faut dire que la rentrée n’a duré que trois jours. Après une réunion de pré-rentrée le vendredi 28 août, une enseignante présente des symptômes susceptibles d’être liés à la Covid-19. Elle appelle le directeur et la machine se met en marche : fiches recueil des cas contacts, suivi avec la médecine scolaire, la DSDEN, l’IEN et la mairie. Et les parents à informer dans l’urgence, dans un souci de transparence. Une accélération de démarches avec des temps d’attente stressants et un amoncellement de tâches.
L’enseignante malade n’ayant pas croisé les élèves, l’école ouvre. Testée le lundi, les résultats tombent en fin de semaine : elle est positive. Samedi 5 septembre au matin, la CPAM demande à toute l’équipe enseignante, considérée comme cas contact de se faire tester et de ne pas reprendre le lundi. Impossible bien sûr de trouver 16 remplaçant•es.
Gérer l’urgence
Il est environ 15h30 le dimanche quand la décision de fermer l’école est prise. Nouvelle accélération pour le directeur : prévenir les parents en urgence pour expliciter à nouveau et rassurer. Le confinement a permis de disposer de la plupart des adresses mails des familles. Mais il y a les nouveaux élèves et pour beaucoup de familles de ce REP+, l’accès à l’écrit et au numérique est loin d’être une évidence. La mairie a bien proposé une distribution de tablettes mais tous les parents ne sont pas venus les récupérer. Mails, coups de fils, permettent toutefois une communication réussie. Comme en témoigne Mme Ahmed-Abdallah, mère d’une élève de CE1 : « les parents ont été informés étape par étape. Cette clarté au fil des jours nous a permis d’anticiper notre organisation pour la semaine où l’école a fermé ». Les voisins, les ami•es, les tantes ou les grands frères ont été sollicité•es. L’attestation de fermeture fournie rapidement a favorisé le télétravail partiel. « Le plus compliqué a été l’impatience de ma fille qui était déçue, même si c’est vite passé. Mais deux rentrées consécutives, ce n’est pas évident pour tous les enfants. »
Des incohérences
À Bretagne de Marsan (Landes), où Mme Bats scolarise son fils, cela a été moins facile. Suite à des cas de Covid-19 chez des enfants, l’école a été fermée une semaine.
« Mon fils n’est pas un amoureux de l’école, mais que sa mère se transforme en maîtresse, il n’apprécie pas non plus ! ». Une classe seule est d’abord fermée le vendredi, puis toute l’école le mardi suivant. Les enfants sont revenus entre-temps. « Il y a eu beaucoup de confusions malgré les efforts de la directrice qui elle-même manquait d’informations », précise-t-elle. Elle note également deux incohérences : les tests qu’il faut passer deux fois et l’école voisine qui n’est pas concernée alors que le ramassage scolaire est commun. Dans les Landes toujours, deux écoles ont été fermées la semaine précédente, suite à des enseignantes testées positives. Mais là aussi, les informations arrivent au compte-gouttes et sont parfois contradictoires : 7 ou 14 jours de fermeture, arrêts maladie ou ASA… Dans les communes de Habas et Pouillon, il est demandé aux mairies d’organiser un service d’accueil pour les familles qui ne pourraient pas garder leurs enfants. Une mise en œuvre plutôt réactive selon Damien Delevoie, 1er adjoint au maire d’Habas. « On a su mettre en place des protocoles changeants depuis mai, donc on a pu gérer cet accueil. Cela a été facilité car nous n’avons eu qu’une quinzaine d’enfants à accueillir et le personnel municipal n’a pas été touché. Mais on souhaiterait une compensation financière de l’État, comme pour le SMA. Être les premiers ne nous protège pas d’une éventuelle nouvelle fermeture. Et si les cas enfants semblent anticiper, c’est moins probant pour les enseignants ».
Des directrices sur le pont
Pour Céline Séosse, la directrice de l’école, c’est le fait de travailler conjointement avec sa collègue Virginie Savine, de Pouillon, et d’avoir un référent Covid à la DSDEN qui lui a permis de tenir. Comme le directeur de Nanterre, elle témoigne d’une course contre la montre et d’une complexité accrue due au week-end. L’information aux parents a été pour elle aussi une priorité. « Cela a été une gestion sportive et stressante dès la reprise et nous sommes le maillon de transmission incontournable, samedi et dimanche inclus. Cela crée une usure prématurée ». Pour Stéphane Spanu, « cette culture de l’instantané empêche la réflexion ». Serge Tauziet, directeur de cabinet de la DSDEN 40, confirme l’engagement des directrices dans le traitement des situations. Selon lui, la communication est primordiale car l’anxiété continue d’être élevée malgré le nombre de cas peu élevé dans les écoles, proportionnellement à un département qui vient de passer au rouge. « D’être dans les premières fermetures nous a permis d’ajuster les procédures pour les rendre plus fluides et réactives, passer du théorique à l’empirique. » S’il reste prudent sur l’évolution, il note que le recensement du nombre de cas enfant, – deux seulement sur la semaine du 21 au 25 septembre dans le département –, tend à confirmer l’hypothèse d’une faible contamination par les enfants. En revanche, pour la directrice et le directeur, l’absence répétée d’enfants malgré l’allègement du protocole, des fermetures partielles et une scolarité discontinue restent une préoccupation forte.
Classe fractionnée
Pour Céline Séosse, la directrice de l’école, c’est le fait de travailler conjointement avec sa collègue Virginie Savine, de Pouillon, et d’avoir un référent Covid à la DSDEN qui lui a permis de tenir. Comme le directeur de Nanterre, elle témoigne d’une course contre la montre et d’une complexité accrue due au week-end. L’information aux parents a été pour elle aussi une priorité. « Cela a été une gestion sportive et stressante dès la reprise et nous sommes le maillon de transmission incontournable, samedi et dimanche inclus. Cela crée une usure prématurée ». Pour Stéphane Spanu, « cette culture de l’instantané empêche la réflexion ». Serge Tauziet, directeur de cabinet de la DSDEN 40, confirme l’engagement des directrices dans le traitement des situations. Selon lui, la communication est primordiale car l’anxiété continue d’être élevée malgré le nombre de cas peu élevé dans les écoles, proportionnellement à un département qui vient de passer au rouge. « D’être dans les premières fermetures nous a permis d’ajuster les procédures pour les rendre plus fluides et réactives, passer du théorique à l’empirique. » S’il reste prudent sur l’évolution, il note que le recensement du nombre de cas enfant, – deux seulement sur la semaine du 21 au 25 septembre dans le département –, tend à confirmer l’hypothèse d’une faible contamination par les enfants. En revanche, pour la directrice et le directeur, l’absence répétée d’enfants malgré l’allègement du protocole, des fermetures partielles et une scolarité discontinue restent une préoccupation forte.