Décoder le sarcasme

Mis à jour le 04.12.21

2 min de lecture

Peut-on éduquer les enfants au sarcasme, utilisation particulière de l'ironie ?

Le sarcasme, utilisation particulière de l’ironie, visant à la moquerie, et qui peut être mordante et cruelle, est fait de nuances et d’appréciations qui vont au-delà de ce qui est dit littéralement. La littérature de jeunesse y a souvent recours et les enseignants et enseignantes le pratiquent parfois dans les classes : « Quel artiste tu fais ! ». Or, pour décoder le message d’un interlocuteur afin d’en comprendre le sens, différentes compétences linguistiques mais aussi sociocognitives sont mobilisées. Selon certaines études, la compréhension du sarcasme fait appel à des compétences qui se développent seulement à partir de l’âge de 5-6 ans, et dépendent de la complexité du message et d’indices donnés par le contexte, le langage gestuel ou le ton. 

Educabilité

111 enfants âgés de 5 à 6 ans ont participé à une expérimentation canadienne, parue en 2021 dans la Revue canadienne de psychologie expérimentale, afin de voir si une formation pouvait améliorer leur capacité à comprendre le sarcasme. La moitié des enfants a reçu une formation à partir d’une série d’histoires, pour savoir quels indices rechercher (les contrastes, le ton, l’humour), tandis que le groupe « contrôle » s’est contenté de lire une histoire non sarcastique avec le chercheur. Si certains enfants détectent l’humour, la plupart ne perçoivent que le sens « premier » des remarques sarcastiques. 

Derrière les mots

Si les compétences linguistiques ne sont pas fortement corrélées à la compréhension du sarcasme, les résultats de cette étude montrent que différents aspects peuvent en être améliorés par la formation, en particulier le contexte. L’intonation sarcastique du lecteur est une clé de compréhension sans laquelle ils échouent. Trop sensibles émotionnellement jusque vers 9/10 ans, les petits ont tendance à s’identifier à la cible des sarcasmes et à ne pas percevoir l’humour derrière la critique. L’ironie et les jeux de mots sont des pratiques beaucoup plus développées dans les familles des classes supérieures. « On y développe un imaginaire chez l’enfant, on l’habitue aussi à faire la différence entre le vrai et le faux et on le rend attentif aux usages du langage » explique le sociologue Bernard Lahire. Des inégalités d’accès au second degré que l’école peut en partie gommer.

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