Donner corps au langage

Mis à jour le 19.01.21

3 min de lecture

Reportage à Strasbourg où le langage se nourrit du faire et des interactions sociales.

Dans la classe de GS de Mélanie Christophel, à la maternelle Ariane Icare de Strasbourg, le langage se nourrit du faire et des interactions sociales.

La scolarisation des enfants et la maîtrise de la langue sont des préoccupations quotidiennes de l’équipe enseignante de l’école maternelle Ariane Icare, située en Rep+ au Polygone, quartier de Strasbourg (Bas-Rhin) entre les HLM et la cité des Aviateurs où les communautés gitanes ont été sédentarisées.

« En 2011, les résultats de nos élèves aux évaluations nationales étaient dans le rouge », explique Férielle Maniani, maîtresse E du Rased. « Le projet motricité et langage est né d’un partenariat avec la faculté de sports. Des étudiants ont conçu des séances avec les PE, qui, avec l’aide d’albums, font vivre le vocabulaire aux élèves avec leur corps leur permettant ainsi de créer des images mentales puis de s’en servir pour parler », poursuit-elle.

Faire parler

« Il est où Chaman avisé ? », interroge Kylian. Pour ces petits cheyennes de grande section, après deux jours de rentrée, la disparition de leur mascotte interroge. Mélanie Christophel, l’enseignante, rebondit pour lancer une courte séance de langage. Et finalement la décision est prise sur une proposition d’Alina « de lui envoyer l’aigle avec un message pour lui dire qu’on a besoin de lui ». Pour l’enseignante, les apprentissages et les activités de la classe se développent à travers les projets. Le projet « motricité et langage » s’inclut dans un projet plus global qui rythme la classe « super copains ».

Maternelle

« Tous les matins, nous faisons notre séance de motricité avec la classe d’UEMA*, explique Mélanie. Les élèves travaillent en binôme et certains avec les petits autistes. C’est pareil l’après-midi lors des ateliers ». Il s’agit pour les élèves « super copains » de verbaliser, d’expliquer, de montrer, de stimuler, d’accompagner, d’attendre, de féliciter son binôme, autiste ou non, afin de l’amener à exécuter aussi bien le parcours motricité que les ateliers de motricité fine. Aujourd’hui, Mateen est le « super copain » d’Andréa. « Tiens Andréa, prends la pince à linge », dit-il en essayant de capter l’attention du petit. « Regarde la couleur. Où vois-tu la même couleur sur l’assiette ? ». Et de battre des mains quand Andréa « réussit » l’activité. « Bravo Andréa ! On continue ? ». Eduardo est le « super copain » d’Ayan et l’aide à faire des puzzles, quand dans le même temps d’autres élèves de la classe font chanter les Alphas ou associent sons et mots sur les ordinateurs. Une organisation au cordeau avec les groupes d’élèves, la maîtresse E mais aussi Chloé Labbé, la maîtresse d’UEMA. Des interactions sociales qui profitent à tous et toutes.
Les séances de motricité sont débriefées dans la classe et souvent filmées. Elles donnent lieu à des séances de construction de la langue qui suivent la progression en motricité. à l’aide de flashcards de vocabulaire, verbes d’action, noms, prépositions… mais aussi de structures de phrases, les séances de langage s’enrichissent, se compléxifient**. « Le vocabulaire en maternelle, il faut le faire vivre. Une expérience tant physique qu’orale », conclut Patricia Heng, la directrice.
*UEMA : unité d’enseignement en maternelle autisme
**yadesmots.tiwahe.eu

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