Elargir le panel des possibles
Mis à jour le 19.01.21
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Reportage à Evreux : bouger les pratiques de l'équipe pour que les élèves apprennent mieux
Favoriser l’estime de soi, gérer les émotions, faire évoluer les pratiques de l’équipe pour que les élèves apprennent mieux, ce sont les choix faits par l’école maternelle Christophe Colomb d’Evreux.
« Oui ! Bravo ! Très bien ! T’es un vrai champion ! » sont les mots qui résonnent dans la classe de petite section de Françoise Horlaville, directrice et maîtresse formatrice à l’école Christophe Colomb, dans le quartier de Netreville en éducation prioritaire à Evreux (Eure). Tout au long de la journée, dans les différentes activités, la maîtresse observe, guide, reformule, échange avec les élèves, aide si besoin, encourage et félicite. Pour Françoise, « l’estime de soi est un levier d’apprentissage très important, un enfant qui n’a pas d’estime pour lui-même n’a pas envie d’apprendre ». Cette enseignante est partisane de la pédagogie de l’exploit, « l’école est une succession de petits et grands exploits et de choses qu’on n’arrive pas encore à faire », précise -t-elle. « Il faut à la fois rassurer les enfants, capter leur attention et réaliser des apprentissages. Tout cela demande du temps ». Du temps, elle affirme que les élèves en ont besoin pour s’approprier les savoirs sans sauter d’étapes, en mettant en valeur les acquis et progrès. « En mettant en place le carnet de suivi des apprentissages, le ministère a pris conscience du fonctionnement de l’enfant même si la mise en place n’a pas été facile du fait du manque d’accompagnement », confie Françoise. Pour toute l’équipe, il est un outil pour mieux expliquer aux familles le sens de l’école, ce que fait leur enfant en classe, montrer les réussites et le chemin qui reste encore à parcourir.
La place des émotions
« L’école, c’est aussi apprendre à vivre ensemble, à gérer ses émotions », indique la directrice. L’équipe a ainsi choisi de mettre au centre du projet d’école la gestion des émotions. « On est parti du principe que travailler sur les émotions nous aiderait à lever des obstacles à la fois avec les élèves et les familles et à travailler autrement, de façon moins scolaire », rapporte Emilie, enseignante de moyenne et petite section. Après avoir reçu une formation sur les intelligences multiples, les pratiques de classes ont évolué. La danse, la musique, le corps ont pris plus de place dans le quotidien de la classe, un choix que les PE ne regrettent pas. « Avoir ce projet commun a permis d’avoir plus de complicité pédagogique, de fédérer l’équipe, les classes se sont ouvertes », précise la directrice. « Cela a aussi permis de toucher plus d’élèves, d’élargir le panel des possibles pour apprendre », affirme Emilie. En toute petite section, Solène, l’enseignante, associe les gestes à la parole en utilisant le langage des signes. « À la maternelle, la pression n’est pas la même qu’aux cycle 2 et 3, le programme nous permet d’avoir une liberté plus importante, pas de cadrage horaire, c’est précieux », souligne Emilie. Une liberté et une spécificité que ces enseignantes espèrent conserver.