Budget : les raisons de la colère
Mis à jour le 27.09.24
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Le 1er octobre prochain s’ouvrent les discussions budgétaires à l’Assemblée nationale. La FSU, la CGT et Solidaires appellent à la grève pour exiger une hausse des salaires, des financements permettant le développement des services publics et l’abrogation de la réforme des retraites. La FSU revendique des choix politiques de justice sociale qui nécessitent d’agir sur les recettes.
Des choix conformes à ce qui s’est largement exprimé dans la rue ces dernières années et dans les urnes en juin et juillet dernier.
Un flagrant déficit de moyens
La part des richesses du pays consacrées à l’éducation n'a cessé de baisser depuis le milieu des années 90 où elle s’élevait à 7,7% du PIB (Produit Intérieur Brut). En 2022, elle s’établit à 6,7% du PIB : si la France consacrait à la dépense d’éducation la même part de richesses qu’en 1996, cela représenterait 27 milliards de plus dans le budget de la rue de Grenelle.
Ramenés au nombre d’élèves, les dépenses dans le primaire en France sont de ce fait inférieures de 9% à la moyenne de l’OCDE. (Source : Regards sur l’éducation, 2024)
Des conditions d’apprentissage et d’enseignement dégradées
Avec 21,3 élèves par classe, la France se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE qui s’élève à 20,1 élèves par classe et de celle de l’UE à 25 à 19,1 élèves (Source : Regards sur l’éducation, 2024).
Cette moyenne élevée se traduit par 64 250 classes d’élémentaires à plus de 25 élèves, ce qui représente 28% des classes d’élémentaire et 30% des maternelles soit plus de 17 000 classes (Source : RERS 2023).
Par ailleurs, la baisse de l’investissement ne permet pas d’assurer une inclusion de qualité (accompagnement humain, places en esms, formation…), les remplacements ou encore la reconstruction des Rased.
Des salaires qui décrochent
Alors qu’un PE en début de carrière percevait 1,8 fois le SMIC en 1990, ce montant n’était plus que de 1,4 fois à la rentrée 2022. Cet écart présent dès le début de carrière, se perpétue. Un·e PE gagnait ainsi après 15 ans de carrière, 2,4 fois le SMIC en 1990 contre 1,7 en 2022. Et en fin de carrière les enseignantes et enseignants touchaient 3,5 fois le SMIC en 1990 contre 2,4 en 2022 (Source : Panorama statistique des personnels de l’enseignement scolaire, 2022-2023)
Les comparaisons internationales attestent du retard salarial accumulé par les enseignant·es en France : après 15 ans d’exercice, les enseignant·es du primaire perçoivent une rémunération inférieure de 17% par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE et de 13% par rapport à celle de l’UE 25 (Source : Regards sur l’éducation, 2024).
Quant aux AESH, leur situation est autant inadmissible. Leur salaire, correspondant à 24 heures de travail hebdomadaires, est compris entre 971 à 1 006 € nets du 1er au 4ème échelon. En France, le seuil de pauvreté est de 1 014 ou 1 216 € par mois, selon qu’il est fixé à 50% ou 60% du niveau de vie médian. Une personne vivant seule est considérée comme pauvre lorsque ses revenus sont inférieurs à ces montants.
D’autres choix budgétaires sont possibles et indispensables
Pour justifier son budget austéritaire, l’exécutif nouvellement nommé, utilise les mêmes arguments libéraux que le gouvernement précédent en invoquant la nécessité de faire « des économies ». Si toutes les études d’opinion montrent l’attachement des Françaises et des Français à des services publics accessibles et de qualité partout, ces « économies » se font au détriment des usager·es alors qu’il serait possible d’agir sur les recettes. Le gouverneur de la Banque de France déclarait ainsi le 17 septembre dernier qu’il faudrait un « effort exceptionnel » de « certains gros contribuables » ou de « grosses entreprises ».
Attac a ainsi listé 6 mesures d’urgence qui permettraient de dégager entre 60 et 80 milliards d’euros. Parmi ces dernières, une taxe sur les “super-profits” qui dégagerait entre 10 et 20 milliards d’euros, la mise en place d’un ISF rénové qui rapporterait 10 milliards ou encore une meilleure imposition progressive des revenus financiers qui correspondrait à 2 milliards supplémentaires dans les caisses de l’Etat.
Le 1er octobre marque le début des discussions budgétaires. La FSU-SNUipp appelle les personnels à se mobiliser massivement pour exiger un budget qui permette d’augmenter les salaires et de donner les moyens au service public d’éducation et à ses personnels de mener à bien leur mission. C’est une question de choix politique : un autre budget est possible !