Évals à mille temps

Mis à jour le 03.10.18

2 min de lecture

Les évaluations ont connu autant de versions que de majorités

L’objectif affiché est toujours le même : « repérer les points forts et les points faibles, décider d’actions pédagogiques adaptées aux besoins de chacun », selon le ministère de l'éducation nationale. Mais derrière l’affichage, une forêt de réalités. Depuis des décennies, les équipes ont vu se succéder les évaluations nationales sans jamais être associées. D’où une méfiance grandissante sur les raisons profondes de ces tests, leur utilité et surtout l’usage qui peut en être fait. 

Les plus durables ont été les évaluations nationales d’entrée en CE2 et 6e lancées en 1989. Celles-ci, élaborées par la Depp après un test sur panel de 6 000 écoles, avaient le mérite d’adapter les exercices en fonction des attendus de début d’année. Même si certains exercices ont été critiqués, les équipes se les sont appropriées au fil du temps. Elles participaient aux corrections et bénéficiaient des résultats pour ajuster leurs pratiques. Seuls les chiffres nationaux étaient publiés, sans mettre les écoles ou académies en concurrence. En 2006, changement de braquet. Le ministère de Xavier Darcos y met fin, au profit d’évaluations nationales CE1 et CM2 l’année suivante. Cette fois-ci, l’administration ne cache pas son intention de s’appuyer sur ces tests pour « piloter le système éducatif ». Cerise (aigre) sur le gâteau, une prime est décidée pour les seuls enseignants de ces classes. Qui plus est, annoncées comme diagnostiques, ces évaluations ont lieu en janvier pour les CM2 et mai pour les CE1 et elles sont transmises aux familles. Résultat : un vaste mouvement de protestation, passant par un refus de les faire passer. 

Après les présidentielles de 2012, ces évaluations passent à la trappe à la grande satisfaction des écoles et sont mises en place des banques de données dans lesquelles les équipes peuvent piocher pour élaborer elles-mêmes leurs évaluations de début d’année et en faire un outil pour leur classe. Une « école de la confiance » réelle remise en cause par le nouveau ministère.

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