Expliciter évite les malentendus
Mis à jour le 23.03.21
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Reportage à l'école Taos Amrouche où l'explicitation est un enjeu de réussite scolaire
A l'école Taos Amrouche de Saint-Denis, labellisée REP+, l'explicitation est un enjeu de réussite scolaire.
Entourée d’immeubles récents mais aussi de chantiers de construction, l’école Taos Amrouche est sortie de terre il y a à peine cinq ans. Situés dans un quartier auparavant exclusivement occupé par des usines, les logements construits appellent aujourd’hui à plus de mixité sociale. Pourtant, l’école n’en reste pas moins classée REP+. Comme dans beaucoup d’écoles de Seine-Saint-Denis (93), il y a un grand turnover parmi l’équipe enseignante. Alors, à chaque rentrée, la directrice, Catherine Da Silva, rappelle la nécessité d’enseigner de façon explicite et remet à chaque enseignant le référentiel de l’éducation prioritaire (EP), « la bible » de l’enseignement en EP. « Lever l’implicite permet d’éviter les malentendus d’apprentissage très courants dans nos écoles », explique-t-elle.
Reformuler la consigne
Dans la classe de CP de Zakia Ghenimi, lever l’implicite des apprentissages est un enjeu de chaque instant. Ce matin, c’est activité de résolution de problème. « Ils ont fait un petit gâteau pour six personnes alors qu’il y en a douze qui arrivent. Il faut donc un gâteau plus gros ou deux », explique Aurore, une élève. « Mais comment peut-on le dire si on utilise du vocabulaire mathématique ? », demande l’enseignante. Les réponses fusent mais c’est Sam qui explique à ses camarades qu’il faut qu’il soit deux fois plus grand car il faut doubler les parts. « C’est important que les élèves confrontent leurs idées et que la réponse vienne de l’un de leurs pairs ». Puis, Myriam lève le doigt pour reformuler la consigne avant le passage à l’écrit. La mécanique est bien rodée. Ces élèves de CE1 ont l’habitude d’aborder chaque activité de la même façon : lecture commune, questions sur le sens de l’exercice puis reformulation de la consigne. Une étape essentielle pour ces élèves scolarisés en EP, d’autant plus en REP+.
Zakia distribue ensuite la feuille d’exercices qui reprend l’énoncé du problème. Mais là, patatras... Alors que tous semblaient avoir compris la consigne, aucun ne répond correctement aux questions. L’enseignante se rend rapidement compte qu’il y a un souci avec l’énoncé : « La présentation prête à confusion. Il y a deux colonnes, l’une indique la recette pour un gâteau, la seconde est à remplir. Cela peut donner l’impression qu’il suffit de réécrire la recette pour répondre au problème. Ça arrive assez souvent lorsqu’on utilise des manuels, il nous faut souvent adapter les énoncés à nos élèves ». Afin de contrer le problème, Zakia décide de leur rappeler l’objet d’apprentissage pour donner du sens à l’activité. « Pourquoi est-ce que l’on fait cet exercice ? Est-ce pour apprendre à faire un gâteau au chocolat ? », les élèves répondent tous, « non ! ». Après plusieurs propositions, Célia explique que c’est pour apprendre à calculer des doubles. Cette étape, fondamentale, permet que tous et toutes trouvent la solution du problème.