Histoires de coopération
Mis à jour le 17.01.19
3 min de lecture
Quand enseignants et parents racontent ensemble
À l’école maternelle Cayras à Sainte-Livrade-sur-Lot, l’équipe éducative se mobilise toute l’année pour donner leur place aux parents. Le projet, destiné aux classes de TPS-PS, a commencé par des moments où parents et enseignants racontaient des histoires aux enfants. L’objectif était de tisser des liens grâce à un vécu commun de transmission culturelle.
Centré autour du conte, le projet s’étend aux autres classes et s’enrichit progressivement par l’apport des nouveaux enseignants, la venue régulière d’une conteuse, le partenariat renforcé avec la médiathèque, les lectrices de « lire et faire lire ». Il se transforme parfois en ateliers comptines multi-langues, dans une volonté de partage des traditions orales.
Depuis, une multitude de propositions rythme l’année : cafés des parents aux thèmes variés – le sommeil, la séparation, la transmission –, soirées pyjamas à l’école pour lire des histoires, ateliers contes parent-enfant chaque mois, ateliers-jeux avec les parents dans les classes, journée de fête, samedi de réflexion en lien avec l’AGEEM, sollicitations pour les sorties à la bibliothèque…
« Au départ, ça bouscule, on s’expose et je ne savais pas trop comment me positionner », explique Anne-Laure qui a rejoint le projet en cours et qui, comme l’ensemble des enseignants, accueille les parents dans sa classe régulièrement autour d’ateliers de jeux.
« Cela permet de donner à voir ce que l’on attend des enfants », complète Valérie, une autre maîtresse.
Conflits désamorcés
« La lecture d’albums est devenue un point d’ancrage, des habitudes et du plaisir ont été créés », témoigne à son tour Laure. Il faut dire que Valérie Cordani, la directrice, embarque avec enthousiasme les nouveaux arrivés dans l’aventure. « L’on n’accueille pas les familles à la porte », et cela a des effets réels. Les séparations avec les enfants sont moins douloureuses et chaque famille a participé à au moins une action dans l’année. Leur inscription à la médiathèque ont augmenté, une quinzaine de mères ont passé l’agrément piscine. « Ces familles, que l’on ne voit pas sur les temps institutionnels, rentrent avec le sourire à l’école. En fait, on ne se rend pas compte, mais je n’ai plus de parents qui viennent se plaindre dans mon bureau. Les conflits sont désamorcés sereinement en amont ».
Les enseignantes ne sont pas crédules et savent que « c’est un vrai travail de fourmi, de patience », qu’il faut relancer sans arrêt, qu’il « faut être convaincues pour tenir l’investissement ». Mais le constat que ces parents qui redoutaient l’école s’y sentent reconnus soutient la motivation. Plusieurs mères sont devenues actrices à l’école. Elles participent à la définition des thèmes des cafés des parents, au flyer de présentations des actions, elles réalisent des outils de médiation culturelle, sous forme de théâtre d’ombres ou de tapis de conte qu’elles construisent sur les temps d’ateliers des parents. L’une d’elles révèle ainsi le plaisir d’avoir pu « re-rendre précieux le temps passé avec son enfant ».