Interview de Pef
Mis à jour le 29.05.18
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L'auteur explique son travail avec Alain Serres sur "Tous en grève, tous en rêve!"
Pourquoi choisir d’illustrer le texte d’un autre auteur ?
Pef: C’est mon sens de l’humanité, le goût des autres, une chaleur communicative, on peut dire aussi une histoire de cœur. Il faut que ce soit comme un costume qui me va bien, et avec Alain Serres, il y a un texte lumineux, simple, qui m’est très proche. En plus, mai 68 c’est une histoire que j’ai traversée, j’avais la trentaine, j’étais très engagé et mon fils apprenait à marcher. J’étais photographe et très impliqué politiquement, dans une zone industrielle où les gens étaient exploités. Dès 67 il y a eu beaucoup de grèves, les batailles étaient rudes. Je me souviens qu’après, mon beau-père avait une semaine de congés supplémentaire.
Comment avez-vous travaillé les illustrations ?
En tant que fils de cinéaste, je dirais que les personnages, c’est mon casting à moi. Mes acteurs sont de papier, je dessine et soudain quelque chose de magique se passe et le personnage est là. Pour les décors je me suis beaucoup servi de ma mémoire, et d’un peu de documentation. Et pour les affiches, on a fait le choix des trois couleurs, noir, rouge et blanc, pour avoir une illustration assez violente, assez trash. On n’était pas dans le moelleux en 68 ! C’est une réinvention de ces années-là.
Que faudrait-il retenir de mai 68 ?
Au-delà des acquis qui se sont faufilés jusqu’à nous, ce qui m’a plu c’est le lien social qu’on avait tissé, c’est quelque chose qui s’est perdu et pourtant pour moi c’est fondamental. Il faudrait dire qu’il y a des aventures humaines partout, qu’il faut sortir de sa chambre et lâcher son portable. Le monde est une aventure fantastique.