La reconversion d'Isabelle

Mis à jour le 26.05.21

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Portrait d'Isabelle qui exerce au sein d’une unité d’enseignement autisme en maternelle.

Munie de son tablier de contes et de son jeu de cartes-imagiers, Isabelle Charbey accueille les sept élèves de l’unité d’enseignement en maternelle pour enfants autistes accompagnée par quatre éducatrices et une psychomotricienne de l’Institut médico-éducatif (IME) les Côteaux d’Azur. Presque un adulte pour chacun des enfants et ce n’est pas de trop pour accueillir et scolariser ces jeunes élèves aux troubles autistiques sévères. C’est la deuxième année qu’Isabelle enseigne dans ce dispositif hors norme situé dans l’école maternelle des Orchidées dans le quartier des Moulins à l’ouest de Nice dans les Alpes-Maritimes. Cette année, elle a obtenu de partir en formation Cappei (1) sur les troubles spécifiques de l’autisme à l’INSHEA de Suresnes (Hauts-de-Seine).
Elle partage donc son temps entre enseignement en classe et formation qui se déroule, comme pour la plupart des étudiants actuellement, à distance, derrière un écran. Des conditions peu optimales pour Isabelle qui a effectué un virage à 180° dans sa carrière de 17 années d’enseignement déjà. Jusque-là, elle était directrice d’une petite école de quatre classes de l’arrière-pays niçois à Villars-sur-Var. Un village perché surplombant la vallée du Var et dont les hectares de vigne et le millésime local ont fait la réputation. C’est un peu par hasard qu’Isabelle originaire de la région parisienne est venue s’installer dans ce moyen pays montagneux. Elle souhaitait le Sud et c’est ce qui l’a motivé à passer son examen d’entrée de PE 1re année à l’IUFM de Nice et qui l’a conduite à faire sa première année d’enseignement dans le haut pays niçois. Deux enfants plus tard et quelques années d’expérience avec des élèves de tous les âges dans des classes multi-cours, elle souhaitait trouver une nouvelle énergie et a opté pour l’enseignement spécialisé.

Un nouveau métier

« Dans cette nouvelle expérience professionnelle, j’apprécie le travail avec le milieu du médico-social et le personnel de l’établissement », insiste Isabelle. « L’échange qui en découle, la relation de travail en équipe est forte et absolument nécessaire pour faire avancer les enfants ». Et quand on lui rappelle que c’est tout de même elle qui a la responsabilité de la classe, elle ne se défausse pas mais tient à ce que chacun des intervenants puisse trouver sa place et apporter sa pierre. Ce matin, Louis* tente d’exercer ses compétences de motricité fine avec l’appui d’Isabelle dans un tête à tête très serré et ponctué d’encouragements à chaque perle enfilée le long du cordon. Il a bien du mal à n’attraper qu’une seule perle à la fois et Isabelle derrière son masque transparent (fourni par l’IME) tente de tenir son élève à la tâche. De l’ardeur, elle en a et il en faut pour permettre à ces enfants d’entrer dans des apprentissages scolaires et sortir de leur bulle de stimulations répétitives souvent observées chez les enfants autistes. Et pour ce faire Isabelle a plusieurs cordes à son arc dont celle de la danse, qu’elle pratique à titre personnel et qu’elle a souvent réinvesti avec ses élèves. « Je n’ai pas connu d’élèves qui ne rentraient pas dans cette activité », constate-t-elle et c’est un nouveau moyen pour permettre à tous ces jeunes autistes d’entrer en communication par le corps. Un corps et des émotions que ces jeunes élèves doivent justement apprendre à dompter
*Le prénom a été modifié.
(1) Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive.

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