Le péril jeune

Mis à jour le 24.05.24

2 min de lecture

Contre la jeunesse : la répression et la sanction au détriment de l'éducation

Dans son discours de Viry-Châtillon, Gabriel Attal pointe une jeunesse qu’il estime de plus en plus violente et choisit comme réponses la répression et la sanction au détriment de l’éducation.

Différents faits divers ont fait la « Une » des médias ces dernières semaines pointant une violence « débridée » de mineurs sur d’autres mineurs. Une actualité tragique à laquelle répond le Premier ministre par voie de presse, sans avoir pris le temps de la réflexion et de la concertation. Gabriel Attal, dans son discours du 18 avril à Viry-Châtillon, pointe la responsabilité « d’une jeunesse de plus en plus violente », qui mettrait en péril la tranquillité et la cohésion de la société. Pour y remédier, autorité et sanctions sont au menu : sécurisation des établissements scolaires, sanctions plus dures des parents dont les enfants sont « délinquants » avec la mise en place de travaux d’intérêt général, atténuation de l’excuse de minorité, comparution immédiate à partir de 16 ans, contrôle de l’âge des jeunes inscrits sur les réseaux sociaux, mention sur le dossier scolaire des fauteurs de troubles...

Un virage inquiétant

La Présidente d’Unicef France, Adeline Hazan, chargée de défendre les droits des enfants, fait part de ses vives préoccupations. « Ces nouvelles mesures risquent de porter atteinte aux principes fondamentaux qui favorisent la primauté de l’aspect éducatif sur le répressif [...]. Certaines d’entre elles risquent d’aggraver les inégalités des chances dès le plus jeune âge pour les enfants et les jeunes les plus vulnérables ». Sans compter que les chiffres sur la délinquance des mineurs ne confirment pas les dires du Premier ministre. En effet, les statistiques des tribunaux pointent une baisse notable des mineurs auteurs de délits avec un nombre de mineurs condamnés qui n’a cessé de diminuer depuis 2017. Et la justice pour les mineurs est loin d’être laxiste : le taux de réponse pénale est de plus de 90%. L’article 388 du Code civil stipule que les mineurs de 13 ans et + sont responsables des crimes et délits ou contraventions dont ils sont retenus coupables. Des sanctions éducatives et pénales existent déjà. Ce nouveau projet de durcissement des lois alimente un climat anxiogène et répond aux discours politiques extrémistes prônant toujours plus de sanctions. Pour le collectif « Justice des enfants », « la jeunesse mérite mieux que des caricatures ». Le Premier ministre devrait plutôt prendre en compte le nombre de mineurs pris en charge au titre de l’enfance en danger, qui, lui, n’a cessé d’augmenter.

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