Maternelle : programmes 2021
Mis à jour le 18.06.21
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Interview de Christophe Joigneaux, professeur des universités et formateur
Christophe Joigneaux est professeur des universités Paris Est-Créteil, formateur à l’Inspe de Créteil.
Quelles évolutions pour l’école maternelle
Depuis la fin des années 1970, les textes officiels relatifs à l’école maternelle mettent de plus en plus l’accent sur sa mission propédeutique, celle de préparer les élèves aux apprentissages programmés au début de l’école élémentaire, et sur son rôle dans la lutte contre l’échec scolaire. Dans le même mouvement, il est rappelé que l’école maternelle doit avant tout être une école, dans laquelle des élèves censés être de plus en plus autonomes et réflexifs, apprennent grâce aux étayages des enseignants. Malgré les inflexions du programme de 2015, ces derniers s’inscrivent dans cette « tendance lourde », qui se manifeste aussi par une relégation des autres missions historiques de l’école maternelle comme assurer le bien-être de l’enfant, prendre en compte son développement dans toutes ses dimensions, son épanouissement, sa socialisation, sa créativité, le vivre ensemble.
Quelles tensions pédagogiques pour quels objectifs ?
Ces évolutions peinent donc à se traduire dans un nouveau modèle pédagogique, en raison des contradictions qu’elles portent : s’il s’agit de toujours mieux préparer les élèves à réussir scolairement, il faut aussi tenir compte de leur âge et donc plus qu’ailleurs, de la façon dont ils se développent. Faire apprendre, enseigner, développer l’autonomie intellectuelle des élèves, certes. Mais pas trop précocement, trop vite au risque sinon d’accroître les inégalités initiales entre les élèves et les sentiments d’échec qui peuvent en résulter. Trouver une troisième voie entre une pédagogie trop « dirigiste » et une autre qui serait trop « laxiste ». Une nouvelle pédagogie du développement, pour reprendre une expression beaucoup utilisée dans les années 1970, adaptée à toutes les missions actuelles de l’école maternelle.
Au final, que dire de ces ajustements ?
La note du CSP de décembre 2020 concernant le futur programme faisait courir le risque que je viens d’évoquer : une insistance trop précoce sur des enseignements, notamment langagiers, qui n’auraient favorisé
que les élèves les plus préparés à en tirer profit, donc injustes socialement. Mais la version actuelle du programme est de ce point de vue plus équilibrée, très proche en fait du programme de 2015.