Mixité sociale
Mis à jour le 24.06.23
2 min de lecture
Itv de Choukri Ben Ayed, professeur en sociologie
Choukri Ben Ayed est professeur de sociologie à l'Université de Limoges.
En quoi les annonces sur la mixité sont-elles décevantes ?
On pouvait attendre du ministre de l’Éducation nationale une volonté de faire un état des lieux, de se doter d’outils pour objectiver la situation et d’être transparent sur la réalité. Le rôle du ministre est d’accepter de prendre en compte la complexité de la question de la mixité sociale et d’impulser une politique publique nationale d’ampleur et non de se limiter à encourager les acteurs locaux à s’impliquer ou de proposer des dispositifs à court terme. Une autre organisation du système éducatif est nécessaire pour faire de la mixité sociale une priorité, impliquant le premier degré, grand oublié du débat.
Pourquoi impliquer le premier degré ?
Les questions de ségrégation ne commencent pas au collège. Il est difficile de connaître la composition sociale des familles au niveau des écoles, par manque d’outil national et de demande institutionnelle. Or, quand des études sont menées, un phénomène d’évitement dans le premier degré, probablement de même ampleur qu’à l’entrée en 6e, est constaté soit par le choix du lieu de résidence avant la scolarisation, soit par un choix d’une autre école publique ou d’une école privée. Cette ségrégation se poursuit dans le second degré. Travailler sur la mixité au collège se prépare dès le primaire avec les équipes enseignantes. Leur expertise et leur connaissance des élèves et des familles sont très importantes pour envisager les solutions.
Quelles pistes préconisez-vous ?
Des expérimentations ont été menées et détaillées lors des rencontres nationales en 2022*. Des actions dès le primaire sont possibles comme ces municipalités qui ont amélioré la mixité sociale des écoles en élargissant les aires de recrutement des élèves. Travailler pour la mixité sociale, c’est travailler sur toute la chaîne et créer des liens entre les écoles et les collèges. Changer l’affectation des écoles dans les collèges nécessite une réflexion en amont impliquant les collectivités mais aussi les familles et les équipes enseignantes. Ces politiques ne peuvent dépendre de volontés individuelles. Un pilotage national fort avec un cadre législatif renforcé doit soutenir les mises en place de politiques locales.
*Actes des rencontres nationales de Toulouse les 15 et 16 février 2022 « Mixité sociale à l’école : des moyens pour agir ».