Pap Ndiaye, la continuité

Mis à jour le 22.01.23

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Itv de Philippe Champy à propos de la politique de Pap Ndiaye

Philippe Champy a été ingénieur à l’INRP - Institut national de recherche pédagogique - durant quinze ans avant de diriger les Éditions Retz.

P. Champy©MILLERAND_Naja

La politique de Pap Ndiaye, rupture ou continuité ?

Indiscutablement, on est dans la continuité de la politique éducative de Jean-Michel Blanquer. Aucune des grandes mesures décidées par l’ancien ministre n’a été remise en cause. Prisonnier des dispositifs mis en place par son prédécesseur, sans marge de manœuvre, avec un entourage imposé et une politique décidée à Bercy, il a été choisi pour apaiser les incendies allumés par son prédécesseur. Le centrage sur les « fondamentaux » « Lire, écrire, compter » se poursuit tout comme le déploiement de la culture de l’évaluation. L’extension des évaluations nationales standardisées au CM1 illustre une politique éducative fondée sur l’imaginaire où « les fondamentaux » seraient la base essentielle et suffisante des savoirs scolaires en primaire. Au prétexte de mieux percevoir les élèves, les évaluations sont un levier pour imposer des prescriptions pédagogiques au travers de guides. Un fonctionnement qui n’est pas dans la tradition républicaine qui reconnaît plutôt la diversité des possibilités d’apprentissages et prône la liberté pédagogique.

Quelle évolution du métier propose-t-il ? 

C’est une conception managériale du métier enseignant. Des systèmes de primes et une individualisation de la rémunération des agents sont développés avec des missions « patchwork » évaluées par la hiérarchie : une méritocratie appliquée aux PE. Il devient alors difficile de trouver des terrains d’entente, d’avoir une réflexion commune sur des problèmes complexes comme les choix pédagogiques, les projets à mener, etc...

Quelles conséquences ? 

Sur le métier enseignant, cela a un effet terrible en termes de démotivation et de démobilisation. Les enseignants se sentent déconsidérés. Au lieu d’avoir une profession enseignante riche, reliée à tous les acquis des sciences humaines et sociales depuis plus d’un siècle, on bascule vers un métier qui doit respecter des consignes venues d’en haut, sous la coupe d’une hiérarchie. C’est aussi la privatisation rampante de l’école et une école à deux vitesses qui se profilent. Si le service public de l’éducation, notamment dans les endroits les plus à l’abandon, se poursuit avec une politique d’assèchement budgétaire, les parents qui le peuvent placeront leurs enfants en école privée.

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