Pleyel « in the air »
Mis à jour le 06.03.22
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A Saint-Denis (93) les risques sanitaires d'un groupe scolaire dus à la pollution urbaine.
L’agrandissement de l’échangeur autoroutier près du groupe scolaire Anatole France à Saint-Denis (93) met sur le devant de la scène les risques sanitaires dus à la pollution urbaine.
« Si l’on devait respecter les nouvelles normes de l’OMS [Organisation Mondiale de la Santé], il n’y aurait plus d’école à Saint- Denis », constatait le maire Mathieu Hanotin, lors de la réunion publique au quartier Pleyel, mercredi 16 février. Un quartier où grues, bétonnières, sirènes, marteaux piqueurs… s’activent à grand bruit jour et nuit pour réaliser les projets en développement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en lien avec le Grand Paris et les Jeux Olympiques : le Grand Paris Express, le pôle d’échanges Pleyel, la rénovation de la tour Pleyel, le village des athlètes, le Centre aquatique olympique, le franchissement urbain et le pro-jet de réaménagement du système d’échangeurs Pleyel (A86) et Porte de Paris (A1). Déjà entouré d’autoroutes, voies rapides et grands boulevards, le carrefour Pleyel est soumis à un trafic urbain très dense qui n’est pas sans conséquences. « Actuellement, jusqu’à 20 000 véhicules traversent le quartier chaque jour », précise Hamid Ouïdir, parent d’élève FCPE du groupe scolaire Anatole France situé en plein centre du carrefour Pleyel. de pollution importants : « les résultats des mesures montrent que les niveaux de dioxyde d’azote sont plus importants à proximité des axes routiers de la zone et les chantiers de construction ont une influence notable sur les niveaux d’empoussièrement et de particules ». Anne Kauffmann, représentante d’Airparif, précisait en prenant beaucoup de précautions que « place Pleyel, le niveau de dioxyde d’azote produit par le trafic routier est supérieur à 50 ug/m3 », soit un niveau très élevé. L’OMS recommande de ne pas dépasser 10 ug/m3 en moyenne par an. À cette nuisance s’ajoute celle de l’empoussièrement, qui est de 1 171 mg/m2/jour alors que le seuil
Des taux de pollution alarmants
L’enquête d’Airparif, réalisée entre les 30 mars et 27 avril 2021, confirme des taux recommandé est de 350 mg/m2/jour. Les écoles maternelle et élémentaire Anatole France se retrouvent donc dans la zone la plus polluée du quartier. Si Airparif a tenté lors de la réunion publique de minimiser la situation en précisant que « ce sont des niveaux similaires à l’ensemble du territoire de l’Île-de-France », certains parents d’élèves et élus de l’opposition s’alarment. L’enquête d’Airparif, réalisée entre les 30 mars et 27 avril 2021, confirme des taux de pollution importants: «les résultats des mesures montrent que les niveaux de dioxyde d’azote sont plus importants à proximité des axes routiers de la zone et les chantiers de construction ont une influence notable sur les niveaux d’empoussièrement et de particules». Anne Kauffmann, représentante d’Airparif, précisait en prenant beaucoup de précautions que « place Pleyel, le niveau de dioxyde d’azote produit par le trafic routier est supérieur à 50ug/ m3 », soit un niveau très élevé. L’OMS recommande de ne pas dépasser 10ug m3 en moyenne par an. À cette nuisance s’ajoute celle de l’empoussièrement, qui est de 1 171mg/m2/jour alors que le seuil recommandé est de 350mg/m2/jour. Les écoles maternelle et élémentaire Anatole France se retrouvent donc dans la zone la plus polluée du quartier. Si Airparif a tenté lors de la réunion publique de minimiser la situation en précisant que « ce sont des niveaux similaires à l’ensemble du territoire de l’Île-de-France», certains parents d’élèves et élus de l’opposition s’alarment.
Les élèves en première ligne
« Bientôt, avec la construction des deux nouvelles bretelles de sortie et d’accès à l’autoroute, le trafic augmentera et générera encore plus de pollution », affirme Hamid Ouidir, très inquiet. « Ce sont presque 700 enfants qui se retrouveront prisonniers de conditions de vie et de santé inadmissibles ». Ralph Epaud **, médecin spécialiste des maladies respiratoires de Créteil, explique que « la pollution est une menace sanitaire à long terme, les enfants sont plus vulnérables parce qu’ils sont à un moment où les voies aériennes se développent. À 50 ans, ces enfants auront plus de risques de développer les maladies les plus sévères et de manière précoce ». Pourtant, d’autres solutions étaient possibles comme renvoyer la circulation en périphérie du quartier et ainsi éloigner les sources de pollution mais « ce n’est pas le choix qui a été fait », regrette Hamid Ouïdir. Pour Sophie Rigard, élue de l’opposition, « Pleyel est l’un des plus gros chantiers d’Europe et le maire minimise les effets de ces transformations pour rassurer les habitants ». Si un protocole d’accord relatif à la qualité de l’air et du bruit autour du quartier Pleyel a été signé jusqu’en 2030, cette élue le qualifie de « protocole au rabais ». Des mesures de la qualité de l’air et du bruit seront effectuées ponctuellement pendant et après les travaux. « Ce n’est pas suffisant, assène-t-elle, il n’y a pas de monitoring en temps réel, ce qui empêche d’avoir des actions immédiates lorsque les taux de pollution s’avèrent trop importants ». Le maire, quant à lui, attend de voir l’impact réel des changements et mise sur le dispositif « Zone à faible émission » et le renouvellement du parc automobile, du fait d’une part grandissante des véhicules hybrides ou électriques, pour limiter la pollution future.
Aller de l'avant
À l’école, « on a hâte que les travaux se terminent, le projet est là et on doit faire avec », rapporte Badia Barhdadi, directrice de l’école maternelle du groupe scolaire Anatole France. Pour cette enseignante d’origine bretonne, il est clair que les élèves de Saint-Denis ne respirent pas le même air qu’en Bretagne. Elle constate que les mobilisations des familles ont permis quelques avancées : « Entre le projet initial et maintenant, l’axe de la route a été décalé à plus de dix mètres. Il y aura une piste piétonne, une piste cyclable et un écran végétal dense pour isoler l’école de la route », détaille-t-elle. « Un feu au carrefour sera également installé pour sécuriser davantage la traversée des piétons aux abords de l’école et le projet de cour oasis que j’ai réclamée auprès de la municipalité a été retenu », poursuit-elle. Consciente que cela sera sûrement insuffisant pour garantir la santé de ses élèves, Badia continue de demander des purificateurs d’air intérieurs pour lutter à la fois contre la pollution et le Covid-19. Malgré tout dans cette école comme dans beaucoup d’autres, l’équipe a décidé d’aller de l’avant, de se concentrer sur les élèves et les projets pédagogiques à venir.
Enfants pauvres : double peine
Selon le dernier rapport de l’Unicef « De l’injustice sociale dans l’air : pauvreté des enfants et pollution de l’air », les enfants pauvres, susceptibles de cumuler d’autres nuisances issues de leur environnement, sont plus vulnérables à la qualité de l’air. Souvent, les populations les plus défavorisées se retrouvent contraintes de vivre dans des quartiers avec une forte présence du trafic automobile, ou à proximité du périphérique, d’axes routiers majeurs, de tunnels et sans accès à des lieux végétalisés. À retrouver sur UNICEF.FR/DOSSIER/POLLUTION-DE-LAIR
Alerte polluants
Les résultats de l’enquête réalisée en février 2022 en Île-de-France par l’association Respire montre que 100% des établissements scolaires dépassent le seuil de particules fines recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et 93% d’entre eux celui du dioxyde d’azote. Respire formule cinq recommandations :
- établir un plan national d’action pour l’amélioration de la qualité de l’air dans et aux abords des établissements scolaires,
- réduire le trafic routier aux abords des établissements scolaires,
- renforcer les politiques de réduction des émissions liées au chauffage urbain, aux activités agricoles et industrielles,
- généraliser l’installation et l’usage des capteurs de CO2 et des purificateurs d’air dans les salles de classe,
- et mettre en place un réseau national citoyen de surveillance de la qualité de l’air.