Prendre un bon départ avec sa classe
Mis à jour le 10.09.21
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Interview d'Audrey Murillo, maîtresse de conférence en sciences de l’éducation
Audrey Murillo est maîtresse de conférence en sciences de l’éducation.
Elle vient de sortir "Prendre un bon départ avec ses classes", ESf Sciences humaines
Installer un cadre, une priorité des premiers jours de classe ?
Les travaux de recherche et les propos des élèves montrent combien les règles de vie de classe sont importantes. Même s’ils s’engouffrent dans les failles, la plupart des élèves disent a posteriori qu’ils regrettent un cadre absent ou fluctuant. Or, pour les enseignants débutants, c’est souvent un impensé, avec parfois une confusion entre l’idée «d’être sympa» et celle de trop laisser faire les élèves, par crainte du conflit. Pourtant, anticiper ce qui sera interdit, toléré et attendu permet de ne pas être démuni lorsque le cadre est malmené. Il s’agit de trouver un cadre raisonnable, c’est-à-dire à la fois tenable par l’enseignant et perçu comme juste par les élèves. Définir à l’avance les limites, les sanctions, expliciter les comportements attendus n’est pas une perte de temps. Il n’y a pas que le savoir à formaliser !
La relation enseignant-élève se construit ?
Au-delà de l’aspect idéologique de construire une bonne relation, on constate que cela a un intérêt sur les apprentissages. Lorsque
l’enseignant est dans une proximité avec ses élèves, une réciprocité se met en place et ils vont davantage jouer le jeu, s’engager dans les apprentissages. Ils vont moins «s’auto-saborder», accepter d’avantage les aides. Les élèves disent que c’est une préoccupation forte de passer un moment agréable en classe. Cette attention portée à l’autre, ce «care», est de deux formes chez les enseignants. Il y a un «care» scolaire qui consiste à se soucier des apprentissages des élèves, et un «care» personnel qui consiste à se soucier que l’enfant aussi va bien. Et ce sont les plus en difficulté qui ont le plus besoin de cette considération personnelle.
Tout se joue les premiers jours ?
À partir du moment où nous parlons d’humains, rien n’est irréversible, il est toujours possible de redresser la barre. Mais les habitudes se prennent vite. Les premiers jours, les élèves prennent des informations sur le professeur, sur les interactions et vérifient que les règles posées ne seront pas optionnelles. Une forme de négociation implicite se joue et ce sera plus facile de tenir un cadre raisonnable constant s’il est appliqué dès le départ. Ne pas évacuer la question de l’autorité, s’affirmer comme capitaine du navire, tout en créant une relation de proximité et de considération réciproque, c’est un équilibre à penser dès la rentrée