Silence, on tourne
Mis à jour le 16.06.22
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Reportage dans une Segpa à Marseille en pleine création d'une vidéo
Créer, produire et tourner une œuvre cinématographique sont un jeu d’enfant pour les élèves de la classe de 6e SEGPA* du collège Jean-Claude Izzo à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Tour à tour acteurs et actrices, ingénieur•es du son, cameramen, régisseurs et régisseuses lumière ou encore scénaristes, les élèves de sixième SE-GPA* du collège Jean-Claude Izzo à Marseille (Bouches-du-Rhône) ont tout appris de la production de courts-métrages. Le 9 juin, ils et elles présenteront le leur au festival « Toute la lumière sur les SEGPA » au cinéma art et essai « L’Alhambra », institution culturelle de la cité phocéenne depuis près de cent ans. Sylvie Zachariades, enseignante spécialisée, a la charge de cette toute première classe de SEGPA implantée dans le collège classé REP+. Trouver la thématique qu’aborderait la production, écrire le synopsis puis le scénario, faire passer des auditions aux élèves désirant incarner l’un des personnages, les aider à apprendre leur texte, faire les repérages pour trouver les lieux de tournage, décider des tenues vestimentaires, acheter les accessoires et enfin tourner les différentes scènes… ne fut pas de tout repos. « D’habitude, nous sommes deux enseignants pour ce projet, mais comme il n’y a qu’une classe de SEGPA dans notre collège, j’étais seule », explique Sylvie Zachariades, « mais j’ai pu compter sur l’accompagnement et l’expertise d’Oriane Bault et de Zelie Lebret, toutes deux membres du collectif d’artistes VOST, partenaire du festival ». Le 30 novembre dernier, la classe de SEGPA a fait une présentation dynamique du thème de son court-métrage : la peur. Un à un, les élèves ont descendu les marches du cinéma en hurlant leur principale frayeur « j’ai peur de ma mère », « j’ai peur du noir », « j’ai peur de descendre dans la cave »… Le public, qui a aimé la mise en scène, les a ovationnés.
Une production digne de professionnels
Afin de créer une histoire autour du sentiment de peur, ils et elles en ont étudié les différents mécanismes et ont ainsi découvert que les bruits et les lumières y jouent un rôle majeur. Les élèves ont aussi analysé, dans une démarche critique, les différents courts-métrages de la précédente édition afin d’éviter certaines erreurs, « comme les faux-raccords, explique Ibrahim, quand l’acteur ne porte pas les mêmes vêtements dans une scène ». Vint ensuite le temps de l’écriture des différents dialogues, scène par scène avec l’aide des intervenantes de VOST. Une fois le script rédigé, les élèves souhaitant incarner les cinq personnages ont passé des auditions dans les conditions de tournage sous l’œil aguerri d’Oriane Bault et Zelie Lebret. Les huit autres élèves ont intégré l’équipe technique en fonction de leurs appétences. Chacun a trouvé sa place et joué un rôle majeur dans la réalisation.
Après des mois d’écriture, de répétition et de préparation est venu le temps du tournage. Cinq demi-journées intenses où les aléas se sont succédé – comme dans un vrai tournage. « Ce type de projets apprend à nos élèves à aller au-delà de leurs limites, à prendre confiance en eux, à se rendre compte de ce dont ils sont capables », explique l’enseignante. Du côté des élèves, c’est le sentiment de fierté qui prédomine. « Je ne voulais pas trop participer mais maintenant je suis fier de l’avoir fait », résume Soudjay.
* Section d'enseignement général et professionnel adapté.