"Teaching to the test"
Mis à jour le 03.10.18
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Stephen J. Ball, Britannique, explique l'impact négatif des tests
COMMENT L’ANGLETERRE EN EST ARRIVÉE À « ENSEIGNER POUR TESTER » ?
Ce qui s’est passé en Angleterre comme ailleurs c’est une forme d’escalade. Au début des années 1990, les évaluations sont apparues sous prétexte de diagnostiquer les besoins des élèves. Mais au fil du temps elles sont devenues de plus en plus contraignantes et intrusives. Les résultats ont été publiés dès 1992 pour chaque école, créant un classement des établissements. Cela a pris une place grandissante dans le travail enseignant. De plus en plus de temps, d’attention et d’énergie en classe sont consacrés à la réussite à ces tests. Avec plusieurs effets majeurs. Pédagogiques tout d’abord. Enseigner devient préparer aux évaluations, mémoriser, rabâcher. Disciplinaires ensuite. Les enseignants se concentrent sur les matières qui vont être évaluées, surtout en primaire, les mathématiques et la lecture/écriture. Les autres matières, éducation musicale, sport, etc, sont négligées. Enfin, cela a considérablement accru le stress à l’école chez les enseignants comme chez les enfants.
"Enseigner devient préparer aux évaluations, mémoriser, rabâcher."
QUELLES IMPLICATIONS SUR LE SYSTÈME ÉDUCATIF ANGLAIS ?
La mise en compétition des écoles en fonction des résultats à ces tests a créé une « économie de la valeur » attribuée aux élèves. Des écoles ont eu tendance à trier les élèves quand elles le pouvaient et à ne recruter que ceux susceptibles de réussir, excluant les élèves en difficulté. L’autre effet dramatique est la crise de recrutement en Angleterre. Le stress et les changements dans le travail, la focalisation sur les tests font que les professeurs quittent le métier ou n’y entrent pas. Les étudiants connaissent désormais la pression mise sur les enseignants, leur manque de liberté pédagogique. D’autant qu’une partie du salaire peut dépendre de ces résultats dans les écoles qui ont une autonomie de budget.
QUELLES RÉACTIONS CONTRE CES ÉVALUATIONS ?
En Angleterre, le syndicat enseignant majoritaire, ainsi que deux associations de parents se sont mobilisés contre les évaluations mais seulement un petit nombre d’écoles ont refusé de les faire passer. Un seul test, des enfants de quatre ans avant leur entrée à l’école, a été arrêté, mais a été réintroduit. C’est aux États-Unis qu’il y a eu une mobilisation massive et réussie, un demi-million de parents de l’État de New York ont refusé que leur enfant passe les évaluations. En Angleterre, le mouvement a été plus faible mais l’opposition grandit. Récemment, l’inspectrice générale de l’éducation s’est exprimée pour dire que les élèves étaient trop testés. Mais les évaluations ont toujours cours pour les élèves de 7, 8, 14 et 16 ans. Il faut dire que c’est un outil si simple et si séduisant pour les politiciens ! Ils peuvent modifier à loisir les critères, la structure des tests et faire porter la responsabilité des résultats sur les écoles.