Un oral, des oraux
Mis à jour le 17.01.23
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Parler ne suffit pas à faire de l’oral un apprentissage.
L’oral, par son omniprésence en classe et une certaine spontanéité, n’est pas toujours assimilé à un objet d’enseignement. Or, parler ne suffit pas à faire de l’oral un apprentissage.
La polysémie de l’oral, matière aux traces éphémères, complique l’identification des apprentissages. L’oral revêt, en effet, une multiplicité de dimensions : locutoire, phonologique, lexicale, interrelationnelle, cognitive... Ces différentes composantes fonctionnent de façon simultanée, rendant son enseignement d’autant plus complexe. Dans les programmes de 2018, les compétences orales c’est à la fois recevoir et produire, écouter et dire. Un « dire » dont l’enjeu est de dépasser la simple prise de parole et le conversationnel.
Si dès les instructions officielles de 1882, le dialogue pédagogique est considéré comme central, le sens donné à cet enseignement varie. D’une oralisation de l’écrit en 1880 à « un langage pour affiner la pensée » de 2018, en passant par « des exercices d’élocution » ou un ciblage sur la correction linguistique, il est aujourd’hui « intégré dans l’ensemble des enseignements ». Une transversalité qui peut brouiller les objectifs. D’autant que la confusion entre langue et langage ou le contre-sens d’un oral comme sous-écrit perdurent. Selon la sociolinguiste Elisabeth Bautier, les enjeux de cet enseignement résident dans la compréhension des usages et pratiques des langages car cette fonction est familière chez les élèves de manière inégalitaire. Les échanges doivent viser des découvertes conceptuelles au-delà des diverses formes langagières. Il s’agirait ainsi de « renverser les perspectives » en ciblant davantage l’oral comme outil de construction de significations.