Une jeunesse aux idées noires

Mis à jour le 27.11.24

3 min de lecture

Différentes études montrent le mal être de la jeunesse

Plusieurs études françaises notent une forte dégradation de la santé mentale des jeunes, indiquant des symptômes d’épuisement, d’anxiété ou de dépression. L’enquête EnCLASS* de l'Assurance maladie, réalisée entre 2018 et 2022, révèle que 14% des élèves au collège et 15% au lycée présentent un risque important de dépression. Un quart des lycéennes et lycéens ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, une proportion en hausse atteignant 17,4% chez les garçons et près de 31% chez les filles. Cette évolution alarmante se retrouve chez les 18-25 ans. 

Le bilan des urgences d’août 2024 indique ainsi que les admissions pour idées suicidaires sont passées, depuis 2020, d’une cinquantaine à 150 par semaine. Le suicide représente la deuxième cause de décès des 15-24 ans, après les accidents de la route. Cette aggravation de la santé mentale, associée à des prises en charge tardives faute de moyens, se traduit également par une augmentation de la prise de psychotropes chez les 12-25 ans. L’Assurance maladie alerte sur cette hausse préoccupante de 60% pour les antidépresseurs et de 8% pour les anxiolytiques entre 2019 et 2023 et appelle à une conférence de consensus.

Pour les spécialistes, les confinements subis lors de l’épidémie de Covid ont laissé des traces auxquelles s’ajoutent diverses causes de mal-être : pression scolaire accrue, carcan des standards esthétiques, éco-anxiété, montée forte et structurelle de la solitude, situations de précarité (voir ci-contre) ou encore poids d’une représentation négative de la jeunesse. La pédopsychiatre Marie Rose Moro note une forme d’angoisse du lendemain, entre guerres, crises écologiques et montée de l’extrême droite : « Pour avoir envie d’être adulte et de se projeter, il faut pouvoir penser « demain sera meilleur qu’aujourd’hui ». Et ce n’est plus une évidence… ».

*Enquête nationale en collèges et lycées chez les adolescents sur la santé mentale et les substances, avril 2024.


FRANÇOIS LEGRAND, directeur d’études à l’IFOP

François Legrand

1.QUELLES DONNÉES DE LA PRÉCARITÉ ÉTUDIANTE ?

 Le baromètre IFOP/COP1* dresse le tableau d’une précarité omniprésente et multiforme avec une précarité alimentaire choquante : plus d’un tiers des étudiants, 36%, sautent des repas par manque d’argent – pour une proportion de 29% dans la population globale – et 18% ont recours à l’aide alimentaire. Elle concerne d’autant plus ceux qui travaillent en parallèle, telle une double peine. Le logement reste également une préoccupation majeure avec des réalités territoriales diverses. Par ailleurs, 27% ont moins de 50 € de reste à vivre, entraînant des renoncements aux diverses sorties socialisantes, ce qui accentue un phénomène inquiétant de solitude étudiante.

2.UNE PARTICULARITÉ POUR LES ÉTUDIANTES ?

La précarité menstruelle augmente et un quart des étudiantes manque de protections hygiéniques. Un chiffre supérieur à l’ensemble de la population féminine. De plus, le renoncement à des soins gynécologiques concerne 41% d’entre elles. Tous ces chiffres confirment une situation préoccupante, une réflexion sur l’accès aux droits et à un revenu universel doit être menée sérieusement.

*Association de solidarités étudiantes.

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