"Une prof au chevet des élèves"
Mis à jour le 11.11.20
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Portrait de Véronique Marandola, enseignante qui suit les élèves en hôpital et au SAPAD
C’est à l’hôpital Simone Veil de Beauvais (Oise) mais aussi à leur domicile que Véronique Marandola enseigne auprès des enfants malades.
Depuis ses débuts, Véronique a exploré toutes les facettes du métier d’enseignante. Tous les niveaux, tous les territoires, toutes les fonctions. « J’ai été formée à l’école normale où la psychologie sur le développement de l’enfant et la recherche pédagogique avaient une place importante. Je n’avais jamais été en ASH et vers la cinquantaine, j’ai eu envie de changer, d’environnement de travail », raconte-t-elle. Alors qu’étudiante, elle hésitait déjà entre éducation et santé, bien des années plus tard, ce poste à l’hôpital dont lui parle une collègue déclenche un véritable coup de cœur. Hôpital le matin et SAPAD l’après-midi « Le Service d’assistance pédagogique à domicile, créé à l’initiative des PEP, s’occupe de la scolarité des jeunes malades ou accidentés ou “blessés”. Pour beaucoup d’enfants, c’est une façon de lutter contre le décrochage scolaire », explique Pascal Com, coordinateur de service. Si le calendrier est celui de l’Éducation nationale, son poste demande à Véronique beaucoup de souplesse dans l’emploi du temps et de réactivité dans les contenus.
Des élèves avant tout
« Le matin en arrivant à l’hôpital, je ne sais pas forcément qui va être là », confie Véronique. « Suivant les pathologies, les sorties sont aléatoires. Cela demande une grande capacité d’adaptation ». À l’aide du logiciel qui répertorie les enfants, leurs pathologies et le temps d’hospitalisation prévu, l’enseignante constitue son groupe classe pour chaque matinée. Les séjours longs sont priorisés. « Je ne peux pas prendre tout le monde », explique-t-elle. « Quand les enfants vont rester un moment à l’hôpital, je les prends tout de suite et je peux organiser le travail sur la semaine. À l’inverse, une rupture de deux jours seulement dans la scolarité, ce n’est pas très grave ». Du CP à la terminale mais aussi avec des enfants d’Ulis ou en CAP professionnels – plus d’une cinquantaine d’enfants par période – il faut une bonne connaissance du contenu de tous les enseignements et de bonnes ressources pour organiser le travail des cinq ou six élèves que Véronique va ensuite chercher dans les différents services. Cette classe à l’hôpital, c’est aussi une bouffée d’oxygène qui leur permet de retrouver leur statut d’élève. « Je travaille toujours en lien avec l’équipe pluridisciplinaire du service pédiatrique, les soignants mais aussi les éducatrices et les assistantes sociales. C’est un croisement des regards portés sur ces enfants et ados qui permet une meilleure prise en charge pour accompagner au mieux leur sortie. Dans chaque service pédiatrique, il y a un PE. Nous travaillons tous les trois en étroite collaboration. Cela pallie le manque de formation continue », constate-t-elle. Il y a quelques années, c’est en candidate libre qu’elle a passé le CAPA-SH option C afin d’être titularisée sur son poste.
Éviter les ruptures
Pour les suivis à domicile, l’organisation est parfois plus compliquée. « Quand le SAPAD me propose une prise en charge, alors tout doit être coordonné avec l’établissement, les enseignants, la famille et les soins », rapporte l’enseignante. « Il faut s’adapter en fonction des pathologies. Parfois les élèves sont scolarisés à temps partiel. Quand il s’agit d’un “décrochage’’, les prises en charge sont souvent plus longues. C’est un suivi très individualisé qui peut se faire à domicile mais aussi à l’hôpital ou dans les locaux du SAPAD », explique Véronique. Du sur-mesure qui l’a entraînée à s’impliquer aussi dans l’AMAE (Accompagner la mise en mouvement de l’adolescent dans son environnement socio-culturel). Un dispositif de repérage précoce qui propose un accompagnement psychologique, pédagogique et éducatif pour des adolescents dont la détresse psychologique génère une rupture de lien avec l’environnement social et la scolarité.