Unir et non diviser
Mis à jour le 10.11.20
min de lecture
L’institution de l’école laïque n’est pas seulement une libération de la tutelle de l’Église.
esL’école est issue des conceptions des Lumières et de la Révolution et est adossée aux valeurs de la République. Elle s’engage dans la construction de citoyennes et citoyens libres et égaux. C’est en 1881 et 1882, avec les lois de Jules Ferry, qu’une éducation assurée par l’État s’instaure. L’école devient gratuite puis publique et laïque, avant la séparation des Églises et de l’État établie par la loi de 1905. À un enseignement de valeurs catholiques, repoussé hors de l’école, vient se substituer une transmission des valeurs républicaines qui restent toujours d’actualité. L’école laïque est ainsi construite pour faire vivre une « unité fraternelle de la Nation », dans le but de faire société, dirait-on aujourd’hui. Il ne s’agit pas seulement pour les instituteurs et institutrices d’expliquer la République mais de la faire aimer. Lors d’un discours au Sénat, Jules Ferry précise : « Nous avons promis la neutralité religieuse, nous n’avons pas promis la neutralité philosophique ou la neutralité politique. » Évidemment, le changement est tumultueux. Il fait naître une « guerre scolaire » entre les familles de l’école publique et celles des écoles « libres », régies par le clergé. Dans les années 1910, les évêques appellent à mettre à l’index les manuels d’instruction civique et à contrôler les équipes enseignantes. Mais si les pouvoirs publics se montrent fermes sur les programmes, ils encouragent des accommodations pour apaiser les querelles, visant à faire de la laïcité un principe de rassemblement et non de combat, une volonté d’unir et non de diviser. Une conception qu’il est sans doute de bon aloi de rappeler aujourd’hui.