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Mis à jour le 07.10.21

7 min de lecture

Reportage à Andernos-les-Bains où les classes étudient et préservent une bande de littoral

À Andernos-les-Bains, les classes étudient et préservent une bande de littoral d’environ un kilomètre proche de l’école : un projet riche porté par les élèves. 

« Sur l’aire marine éducative, on fait tout notre possible pour protéger la plage », annonce fièrement Alban (CM2) aux quatre classes de fin de cycle 2 et de cycle 3 de l’école du Betey à Andernos-les-Bains en Gironde (33). Assis en tailleur, dans la cour de l’école, les élèves sont réunis pour tenir le tout premier conseil de la mer de l’année. « L’objectif est d’expliquer aux classes qui entrent dans le projet ce qu’est une aire marine éducative (AME) et de tracer ensemble des pistes pour l’année à venir », précise Catherine Sidoni, enseignante de CE2-CM1. Aussitôt, les mains se lèvent. Les élèves, habitués à la tenue de débat en grand groupe, prennent la parole les uns après les autres avec une écoute attentive. « On a délimité l’aire marine, elle va du port de plaisance jusqu’à la jetée », rapporte Maël. « Observé et nettoyé la plage », ajoute Hortense. « Travaillé sur les oiseaux », précise Maëlys. « Étudié la laisse de mer, un habitat pour les animaux fait d’algues ou d’herbes qui se retrouvent avec le courant sur la plage », détaille Ninon. « On a fait beaucoup de sorties pour connaître notre environnement », surenchérit Elia. L’engouement pour ce projet est flagrant, les élèves utilisent un vocabulaire précis, font le point sur les actions en cours et formulent des propositions. C’est décidé, cette année, ils travailleront sur les plantes.
Eric Coignat, élu à l’environnement de la mairie d’Andernos, partenaire très impliqué dans le projet, leur lance un défi. « Le pin maritime a une durée de vie limitée de 100 ans, vous pourriez réfléchir à quelles plantes replanter pour poursuivre le travail de protection de la dune que vous avez engagé l’an dernier ». Un grand « Ouais ! » retentit dans la cour de l’école. 

Donner du sens aux apprentissages

Mais avant de se lancer, il va falloir faire l’inventaire des plantes présentes sur l’AME, observer d’autres milieux, confronter ses idées. Un travail complexe où les enseignantes et les élèves seront accompagnés par le centre de mer et d’éducation au développement durable des PEP 33 et du parc naturel marin du bassin d’Arcachon. « Les élèves ont besoin au départ d’une base de connaissances pour faire des propositions de sensibilisation aux utilisateurs présents sur l’AME. Connaître les espèces animales et végétales présentes, à quoi il faut faire attention, ce qu’il est possible de piétiner ou pas. Il y a trois piliers importants : connaître la mer, vivre la mer et transmettre la mer », explique Stéphanie Morel, animatrice environnement des PEP 33. Un calendrier de sorties est prévu tout au long de l’année, des animations et mises en scène sont organisées pour répondre aux besoins des écoles. Mais le plus important pour Marion Lomont, également animatrice environnement des PEP 33, « c’est la dynamique des enfants, la façon dont ils s’emparent du projet. Ils doivent énormément discuter entre eux, faire des votes démocratiques et décider des actions à mettre en place. Tout émane des classes, on n’arrive pas avec un planning et des idées écrites à l’avance». Cette démarche est essentielle pour donner du sens aux apprentissages, rendre les élèves écoresponsables, écocitoyens et autonomes. Elle permet de développer l’esprit critique. L’AME est aussi un projet sur la durée où les élèves passent le relais aux plus jeunes. « Les impliquer à un très jeune âge s’avère être une obligation parce qu’il faut faire attention à l’avenir, on ne peut plus faire n’importe quoi », ajoute à regret Marion. 

Un projet porteur 

« Ce qui est facilitateur dans ce projet c’est qu’il n’y a pas de dossiers ou paperasses administratives à renseigner, c’est très rare ! », rapporte Catherine. Seules les réalisations des élèves, la charte d’engagement et le calendrier des sorties, sont à retourner à l’office français de la biodiversité. Cela permet de consacrer plus de temps au travail collectif. « L’équipe se réunit par cycle pour se mettre d’accord sur la programmation en sciences et les sorties à réaliser mais aussi en conseil de maîtresses, une fois par période, pour faire le point. Entre-temps, il y a beaucoup de choses qui se règlent de manière informelle, sur le temps du midi ou lors des récréations, c’est difficile à quantifier », explique la directrice Charlotte Bœuf. Parallèlement, il y a aussi tout le travail sur la maîtrise de la langue où chaque enseignante utilise le projet pour travailler la production écrite. À chaque sortie ou conseil de la mer, les élèves sont munis de sous-mains, prennent des notes, font des dessins ou demandent à l’enseignante de prendre des photos. Comptes rendus, affiches, résumés, courriers divers, identifications de plantes ou d’animaux seront réalisés par la suite en classe. Mais ce que préfèrent les élèves, ce sont les sorties sur l’AME. Après deux mois de vacances, ils reprennent leur costume de détective de la mer dès leur première sortie sur la plage. « Il y a plus de laisse de mer qu’avant », remarque Quentin. « C’est normal, avant la mairie l’enlevait pour les touristes », répond Raphaël. Une demande qu’avaient formulée les élèves pour protéger l’écosystème de la plage. Zostère, coquillages, salade de mer, plantes diverses sont passés au peigne fin par les deux classes de CM1 et CM2. L’enthousiasme est intact et déjà les idées fusent pour des actions à venir.

FsC 477 Mélina Roth

Mélina Roth est directrice déléguée du Parc naturel marin du bassin d’Arcachon (PNM BA)

L'AME*, quels enjeux pédagogiques ? 

Vivre une proximité avec le milieu marin permet d’appréhender les problématiques écologiques, humaines, culturelles avec un ancrage local et tout au long de l’année. Il y a aussi des enjeux de citoyenneté, de vivre ensemble. Comment les humains interagissent avec le milieu marin, comment se positionner, construire un projet, en parler et comment arriver à mobiliser l’intelligence collective d’une classe pour faire des propositions pour ensuite les porter vers la mairie ou autres acteurs locaux. 

Quelles difficultés rencontrent les PE ?

La principale difficulté est de s’engager dans un projet pour lequel ils n’ont pas une vision complète. C’est un peu inhabituel dans le paysage des différentes animations et projets pédagogiques auxquels les enseignants sont habitués. C’est aussi en terme de connaissances, la crainte de ne pas suffisamment maîtriser le milieu marin, l’estran, la biodiversité, les usages maritimes et donc d’avoir besoin d’un appui mais ne pas se figurer comment il va s’organiser. 

En quoi le PNM BA est-il une ressource ?

C’est une équipe pluridisciplinaire dont les compétences couvrent l’essentiel des thématiques du bassin d’Arcachon. Cela permet de contribuer aux contenus pendant les sorties, de répondre aux questionnements des élèves et des enseignants. C’est aussi un accompagnement financier pour découvrir d’autres lieux et mobiliser des intervenants ou spécialistes si besoin.
*Aire marine éducative

FsC 477 reportage Andernos

La laisse de mer

La laisse de mer est formée de débris végétaux (algues, bois flotté), et animaux (coquillages, enveloppes d’œufs, mues de crabe, tests d’oursins) déposés par la mer lors des marées. L’accumulation de ces débris forme un ruban plus ou moins étroit, parallèle à la mer, pouvant s’étendre parfois sur plusieurs kilomètres. Présente sur tout le littoral du Parc naturel marin, sur les plages de sable, de galets ou encore dans les estuaires, elle contient un monde vivant sans cesse en interaction. Sa préservation est essentielle pour la formation des dunes et lutter contre l’érosion. 

ATE

Inspirées des aires marines éducatives, les aires terrestres éducatives (ATE) sont des zones terrestres de petite taille qui deviennent le support d’un projet pédagogique de connaissance et de préservation de l’environnement pour des élèves du CM1 à la 3e. Après avoir délimité une zone humide, de forêt, de rivière ou de parc urbain facilement accessible de l’école, une classe gère de manière participative celle-ci avec l’enseignant et un référent de la sphère de l’éducation à l’environnement. À RETROUVER SUR OFB.GOUV.FR

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