Vivre l'espace
Mis à jour le 25.11.21
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Reportage à l'école Schumann à Strasbourg où l’environnement proche est un levier
Pour Anne Gutzwiller, enseignante à Strasbourg (Bas-Rhin) l’environnement proche est un levier précieux pour apprendre les savoirs géographiques.
À l’école internationale Robert Schumann à Strasbourg (Bas-Rhin), dans la classe de CE2, une photographie du massif des Vosges est projetée au tableau. « Quel paysage avons-nous vu lorsque nous sommes partis de Strasbourg en car ? », demande l’enseignante, Anne Gutzwiller. Les mains se lèvent : « Des vignes, des arbres, la montagne, la plaine, du maïs… ». Ethan précise que le pied de la montagne s’appelle le piémont, Apolline qu’il y avait différentes sortes d’arbres sur le haut de la montagne… Anne Gutzwiller fait le choix de s’appuyer sur les savoirs que les élèves ont construits durant la sortie au sommet de la montagne du Champ du Feu pour étudier les reliefs en France. « On a la chance d’avoir les différents types de paysage à une heure de car, explique-t-elle. Sortir pour ressentir les choses et ne pas avoir juste des connaissances abstraites. Les élèves ont vécu l’espace avec leur corps, eu froid, vu, entendu. » « La marche de deux heures en descente leur a fait ressentir les différents étages de paysage, précise-t-elle. Le trajet en bus, où certains élèves étaient malades, a permis de se rendre compte que pour gravir une montagne, il faut faire des détours. Toutes ces sensations marquent les élèves et leur permettent de retenir les choses ».
Sortir pour apprendre
Sortir de la classe pour cette enseignante est devenu un incontournable, surtout depuis le confinement qui a entraîné un autre rapport à l’espace proche. « Avec mes collègues, nous avons eu une réflexion sur le fait que les classes étaient petites, qu’il fallait aérer et on s’est dit « sortons ! », confie Anne Gutzwiller. On rapporte ce qui a été observé pour l’étudier en classe et la géographie se prête bien à ce type de fonctionnement ». Dès le début de l’année, elle exploite le quartier pour passer du concret à l’abstrait : « On fait des photos des noms des rues pour ensuite les positionner sur le plan du quartier ». Des noms de rues qui sont des villes, Copenhague, Oslo, Stuttgart… et seront l’occasion, plus tard, de les chercher sur une carte encore plus grande que celle de la France. Car se familiariser avec l’objet carte ne va pas de soi pour les élèves qui ont encore tendance à confondre carte, plan, photo aérienne ou satellite. « Cela demande du temps pour assoir ces compétences mais c’est petit à petit que cela se fait », détaille l’enseignante. La photo satellite, puis la carte de la France des reliefs projetés au tableau permettent de comprendre le passage de l’une à l’autre. « On dirait la carte météo », lance un élève. Un autre remarque « là où c’est vert foncé, c’est qu’il y a beaucoup d’arbres ». C’est sans difficulté que les élèves comprennent la légende indiquant les différentes altitudes. « En rouge, c’est comme au pied de la montagne du Champ du Feu, là où il y avait les vignes, en noir, c’est le sommet », souligne un élève. Passer du concret à l’abstrait semble gagné car la carte des reliefs, trace écrite qui figurera dans le cahier, prend tout son sens.