Wambushu

Mis à jour le 02.06.23

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A Mayotte, les mineurs sont en première ligne

L’opération « Wambushu » a été déclenchée fin avril par le ministre de l’Intérieur pour détruire une partie des bidonvilles de Mayotte et expulser les habitantes et habitants considérés en situation irrégulière. 

En ce début du mois de mai, la démonstration de force prend les allures d’un coup d’épée dans l’eau turquoise de l’Océan Indien. Se heurtant à une décision judiciaire et à l’absence totale de coopération de l’État comorien, Gérald Darmanin a dû différer une opération violente et illégale qui n’apporte aucune solution et complique une situation humanitaire déjà critique avec 77 % de la population en dessous du seuil de pauvreté. 

Les mineurs sont les premières victimes de la crise politique et des tensions sociales actuelles dans un département où la moyenne d’âge est de 23 ans (pour 41 ans en métropole). On connaît le sous-investissement dans le bâti scolaire qui oblige à organiser des rotations (école le matin ou l’après-midi) pour une majorité d’élèves du primaire (seulement 1 800 salles pour 2 500 divisions). 

On sait moins que quelques 10 000 mineurs mahorais ne sont pas du tout scolarisés, selon la Défenseuse des droits, une exclusion qui constitue le terreau de bandes de jeunes incontrôlées plongeant l’île dans l’insécurité. La politique d’expulsion systématique des sans-papiers qui se développe a des conséquences graves. Certains sont contraints d’interrompre leur scolarité pour rejoindre les Comores, d’autres choisissent de rester à Mayotte sans leurs parents ou basculent dans la clandestinité. Les associations et pouvoirs publics estiment qu’ils seraient entre 3 000 et 4 000 mineurs non-accompagnés sur l’île.

FsC 490 Mayotte

Interview de Clara Faure, juge des enfants et représentante du Syndicat de la magistrature

FsC 490 Clara Faure juge

Quel est le lien quotidien d'une juge des enfants à Mayotte ? 

Il y a énormément de mineurs à Mayotte et c’est difficile de compter avec les partenaires habituels comme l’Aide sociale à l’enfance ou la Protection judiciaire de la jeunesse qui sont ici défaillants. Au niveau pénal, il n’y a qu’un centre éducatif renforcé de 8 places et un foyer de 12 places. Les familles d’accueil sont également saturées avec 8 à 10 enfants par famille. Sur le plan de la protection de l’enfance, impossible de travailler avec les familles en situation irrégulière qui ne déclarent pas les enfants pour éviter leur expulsion. On manque aussi d’éducateurs formés.

Comment intervenez-vous auprès des mineurs isolés ?

Heureusement ici les enfants sans représentants légaux sont souvent confiés à la famille élargie. D’autres sortent des radars. Ils sont connus et aidés par des éducateurs de rue, des associations ou signalés par l’école. Le problème est qu’à 18 ans, ils deviennent expulsables alors que certains sont nés à Mayotte. La délinquance est un problème mais ces jeunes sont capables d’investir les mesures éducatives comme les TIG, travail d'intérêt général, et la réparation dès lors qu’on leur propose des activités où ils se réalisent.

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