Carte scolaire : l'école rurale dépouillée

Mis à jour le 16.02.18

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La colère monte dans les départements à l'annonce de nombreuses fermetures de classes et d'écoles, principalement situées dans les zones rurales. Parce que le dédoublement des CP et des CE1 en éducation prioritaire a été insuffisamment budgété , un véritable redéploiement des postes des campagnes vers les villes s'opère. Le SNUipp-FSU se mobilise sur cette question essentielle pour garantir l'égalité du service public d'éducation sur l'ensemble du territoire

Les opérations de carte scolaire qui se déroulent actuellement dans les départements donnent lieu à une mobilisation spectaculaire des acteurs de l'école. Ariège, Orne, Finistère, Vosges, Yonne... Dans de nombreux départements, parents d'élèves, élus et enseignants se lancent dans la bataille pour défendre une école rurale souvent première victime des décisions arrêtées par les recteurs et les DASEN. Du côté des élus, un récent communiqué de l'Association des maires ruraux de France (Armf) estime que " Les écoles rurales ne peuvent servir de réservoirs dans lequel on puiserait sans vergogne les moyens nécessaires à une politique qui n’aurait pas assumé de se doter en conséquence des moyens nouveaux. "

Un dispositif de dédoublement non budgété

La  colère monte et fait du bruit jusqu'à Paris puisque deux députés viennent d'interpeller le ministre sur ce sujet à l'Assemblée, accusant le ministre de dépouiller les territoires ruraux pour assurer la mise en place de son dispositif "phare" de dédoublement des CP et des CE1 en éducation prioritaire. En réponse , Jean-Michel Blanquer a déclaré que ""dans chaque département rural de France, on comptera à la rentrée prochaine plus de professeurs par élève que cette année".  Un argument repris lors de la dernière émission de FRANCE  2 dans laquelle il était invité mais qui ne convaincra pas des enseignants, qui, bien qu'accusés d'être déficients en mathématiques, maîtrisent les techniques opératoires de base. 

Un redéploiement vers les centres urbains

En théorie, la dotation de 3880 postes, conjuguée à un faible recul des effectifs d'élèves,  doit en effet conduire à une légère amélioration du taux d'encadrement.  Mais concrètement, l'engagement du ministre de dédoubler CP et CE1 en REP +, CP en REP dès la rentrée prochaine va consommer l'intégralité de ces postes supplémentaires. Et il en manquera encore ! Le SNUipp-FSU estime le déficit à 2300 postes non budgétés . Pour faire face, après avoir tiré un trait sur les « Plus de maîtres », l'administration se voit contrainte de puiser dans le stock de postes existants. L'éducation prioritaire étant principalement située en zone urbaine, on assiste donc à un véritable redéploiement. Au niveau régional comme dans l'Académie de Toulouse où  89 postes sont créés avec 130 postes supplémentaires pour le seul département de la Haute-Garonne, aux dépens des départements ruraux de l'Ariège, des Hautes-Pyrénées, du Lot, du Gers, du Tarn et du Tarn-et-Garonne. Même logique à l'intérieur des départements avec des fermetures dans les écoles rurales pour permettre le dédoublement dans les centres urbains . C'est le cas par exemple de la Somme où l'on prévoit 63 suppressions de classes ou même d'écoles rurales malgré la dotation positive de 18 postes largement insuffisante pour assurer les dédoublements prévus à Amiens ou à Abbeville.

Un des enjeux de la journée du 22 mars

Le SNUipp-FSU est un ardent défenseur de l'école rurale , garante de l'égalité républicaine sur le territoire et élément central de la vie et de l'activité dans les villages. Il est engagé dans toutes les actions locales pour préserver la qualité du service public d'éducation en milieu rural, s'opposer aux fermetures de classes et d'écoles qui se profilent. Défendre le service public, c'est aussi le cœur de l'action de la journée du 22 Mars.