Eval CP et CE1 : encore plus hors sol

Mis à jour le 21.08.20

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Alors que les élèves auront vécu depuis le mois de mars une scolarité particulièrement bouleversée, la rue de Grenelle fait comme si de rien n’était et maintient au calendrier de début d’année des évaluations CP et CE1 pourtant déjà fortement remises en cause en temps ordinaire. Le SNUipp-FSU demande leur annulation et engage une campagne de conviction avec les parents d’élèves.

« Les items proposés seront, à quelques nuances près, les mêmes que ceux des années précédentes. Ils ne tiendront donc pas compte des conditions particulières d’apprentissage liées à la pandémie », analyse le SNUipp-FSU dans un document à destination des équipes pédagogiques. Comment ne pas y voir, poursuit le syndicat, « le reflet de l’obstination ministérielle à poursuivre le recentrage de l’école sur les fondamentaux et sur une conception automatisée et étapiste des apprentissages ». « En incitant à donner la priorité aux seules compétences évaluées, le risque est d’appauvrir des contenus enseignés », complète le premier syndicat des écoles.

Une analyse partagée 

« Qu’est-ce que les évaluations administrées l’an dernier ont changé aux pratiques des enseignants au premier trimestre ? Rien, tout le monde en convient », analyse sur son blog, Roland Goigoux, chercheur en sciences de l'éducation et spécialiste des questions de lecture et d’écriture. « Qu’ont-elles appris aux maîtres qu’ils ignoraient à propos de leurs élèves ? Pas beaucoup plus. Quelles remédiations originales ont-elles permises ? Aucune, même l’inspection générale de l’Éducation nationale le reconnaît », ajoute-t-il. Bref, conclut-il à raison, « ces évaluations ont surtout servi la communication politique du ministre ».

L’école de la confiance se trouve … en Belgique

 Contrairement à la France, indique le document du SNUipp-FSU, « la Belgique francophone a décidé de bannir les évaluations sommatives à cette rentrée 2020. La stratégie de différenciation pédagogique définie par les autorités de Wallonie-Bruxelles laisse toute latitude aux établissements scolaires pour identifier difficultés et retards d’apprentissage par les moyens qu’ils jugent adéquats  ». Rien à voir donc avec une « école de la confiance » qui n'a de cesse de chercher à imposer des pratiques et méthodes pédagogiques. 

C’est pour toutes ces raisons que le SNUipp-FSU a été à l’initiative d’un appel intersyndical dès le mois de juin pour demander au ministre de l’Education nationale que les outils d’évaluation soient mis à disposition des équipes sans être imposés et que les besoins statistiques de connaissance du système éducatif soient réalisés sur échantillons. Il s'est adressé au ministre pour demander l'annulation des évaluations nationales afin que les équipes puissent reprendre la main sur les outils d’enseignements et d’évaluations qu’elles jugent les plus appropriées pour démarrer les apprentissages en ce début d’année si particulière.