Une rentrée pas comme les autres

Mis à jour le 25.08.20

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C'est autour des conditions de cette rentrée particulière sous Covid que les échanges ont principalement porté lors de la conférence de presse de rentrée du SNUipp-FSU. Mais d'autres sujets comme celui des évaluations nationales standardisées, des salaires enseignants, de l'éducation prioritaire ou encore de la direction d'école étaient également au menu de ce rendez-vous annuel. Le syndicat a rappelé la nécessité d'un autre projet pour l'école, synonyme de justice et d'égalité, améliorant les conditions de travail des personnels et d'apprentissage des élèves, particulièrement dans la période.

Le communiqué de presse du SNUipp-FSU 

Une rentrée pas comme les autres

Rarement une rentrée scolaire ne se sera préparée avec autant d’incertitudes pour les enseignantes et les enseignants, les parents, les élèves et les collectivités territoriales. Le ministre ayant beau affirmer sur les plateaux télé que tout est prêt, la réalité est bien différente.
A l’heure où le SNUipp-FSU tient sa traditionnelle conférence de presse, la préparation de la rentrée se fait avec un protocole sanitaire datant du mois de juillet à un moment où l’épidémie ne connaissait pas la forte hausse de contaminations de ces derniers jours.

Pourtant des bilans à tirer de cette période traversée au printemps dernier auraient dû guider la préparation de cette rentrée avec bien plus de rigueur et d’ambition.

Cette rentrée est d’autant plus importante, que l’année scolaire dernière a été particulièrement difficile pour les enseignantes et les enseignants, les élèves et les familles. Si les personnels ont apprécié de retrouver et finir l’année avec leurs élèves, cela n’a pas été sans poser de nombreuses difficultés aux familles et aux équipes. Après ce qu'a pu vivre l'école l'année dernière, il convient donc, de démarrer sur des bases solides, de tirer les leçons du confinement pour « prendre soin » de l’école, des élèves et de tous ses acteurs.

Les personnels des écoles ont su se mobiliser et montrer leur capacité d’adaptation dans une situation inédite alors qu’ils n’étaient que trop peu accompagnés notamment matériellement par leur institution. L’enquête que le SNUipp-FSU a conduite avec l’institut Harris Interactive, confirmée par celle de la DEPP parue en juillet, démontre que de nombreuses PE ont eu du mal à exercer leur métier, avec des consignes peu claires du ministère, arrivées tardivement, souvent contradictoires et les amenant à porter seuls l’école à bout de bras. Rien ne semble avoir changé de ce point de vue, puisqu’à moins d’une semaine de la rentrée, les consignes restent encore bien floues.

Dans le même temps, les inégalités sociales et scolaires de notre pays ont été mises en lumière dans cette période qui a pu les aggraver que ce soit par les conditions de logements des familles, leurs équipements matériels ou encore par leur possibilité d’accompagner la scolarité des enfants.

Aussi la priorité de cette rentrée est d’accueillir tous les élèves dans les meilleures conditions possibles qui permettent la sécurité sanitaire des enfants, de leurs parents, des enseignantes et enseignants, des ATSEM, des AESH et des personnels municipaux. Toutes et tous doivent pouvoir assurer leurs missions dans la confiance et la sérénité.
Il s’agit bien de retrouver l’école pour tous et toutes, durant toute l’année scolaire. Les personnels comme les familles ne souhaitent pas d’une scolarité en pointillé.

L’école de notre pays souffre d’un sous-investissement chronique en regard des pays comparables de l’OCDE. Encore plus qu'avant, aujourd’hui, elle a besoin de plus de personnels spécialisés comme les RASED, de plus de maîtres, de travailler en petits groupes d’élèves, de réduire les effectifs dans toutes les classes, d’une véritable formation continue ou encore d’un équipement informatique fonctionnel pour les personnels. Pour l’heure, le ministre répond en maintenant des évaluations standardisées largement remises en cause et montrant la défiance envers les équipes pour choisir les outils d’évaluation adaptés à leurs élèves. De même avec la publication de guides souhaitant encadrer la pédagogie menée dans les classes. L’urgence est de retrouver le goût d’apprendre et de recréer des liens pédagogiques dans un cadre collectif. La question de la rémunération reste également toujours à l’état de promesse sans mesures concrètes.

Pour réduire les inégalités, il est aussi urgent de prendre le temps des bilans, de consulter et de construire ensemble avec tous les acteurs et actrices de l'école, de dégager les moyens nécessaires… Sans cela c’est la perte de sens du métier mais aussi le renoncement pour une partie des élèves qui seront laissés sur le bord du chemin.

C’est sans conteste une rentrée peu ordinaire qui nous attend et le ministre n’en prend pas la mesure. Pourtant l’école a souffert et il est urgent d’en prendre soin.
L’école de demain ne peut être celle d’hier.


Paris, le 25 août 2020