Évaluations : l’échec programmé

Mis à jour le 13.09.18

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Une partie du contenu et les modalités de passation des évaluations CP et CE1 posent de nombreuses questions sur la pertinence de ce dispositif ministériel annoncé à grand renfort médiatique. Le SNUipp-FSU demande un moratoire dans le but de surseoir à leur passation. Il propose aux équipes de reprendre la main sur ces évaluations, de ne pas les faire passer dans l'immédiat, d'en sélectionner les items qu'elles jugent utiles à leurs élèves, de ne pas en saisir les réponses et de faire remonter les besoins du terrain. Il leur propose aussi une motion à adopter en conseil des maîtres.

Les livrets d'évaluations nationales CP et CE1 arrivent dans les écoles et provoquent la consternation. Items inadaptés, temps de passation limité, aides non autorisées, elles vont inévitablement mettre les élèves en difficulté et ne permettront pas de mieux les faire réussir. Qui plus est, elles cantonnent les enseignantes et enseignants à la saisie des réponses, se trouvant ainsi dépossédés de leur analyse. 

Le communiqué

Évaluations : l’échec programmé

Alors que le ministre généralise à cette rentrée les évaluations à différents niveaux de la scolarité, le dévoilement du contenu des tests des CP et CE1 est très inquiétant. En ne respectant pas les apprentissages réels des élèves issus des programmes de maternelle de 2015 et de cycle 2 de 2016, ces évaluations placeront artificiellement la majorité d'entre eux en situation d'échec et de stress important.

Le SNUipp-FSU constate que de nombreuses activités sont inadaptées tant du point de vue de leur contenu que de leur présentation ou des conditions de passation imposées. Des durées d'exercices strictement limitées et irréalistes seront trop souvent génératrices de stress et l'interdiction d'aide et d'explication contrariera inévitablement la relation pédagogique en construction par les enseignants avec leur classe et leurs élèves. De nombreuses propositions contiennent ce qu'on est bien obligé d'appeler des pièges et relèvent davantage de compétences expertes que de compétences exigibles à ces niveaux de la scolarité. 

Alors que la recherche recommande le recours à la manipulation dans les apprentissages des jeunes élèves, la seule modalité papier-crayon est pourtant convoquée bien qu'elle ne soit pas encore complètement maîtrisée par les élèves sortant de maternelle.
Alors qu'à l'école primaire de nombreux apprentissages se font en lien direct avec le contexte de la classe, ce qui permet ainsi de leur donner tout leur sens (prénoms, albums de la classe, expériences dans l'école ou dans le quartier...), la standardisation de ces évaluations évacue de fait toute cette dimension du travail des classes. Cela ne répondra pas à un des enjeux soulevés par les dernières enquêtes internationales : améliorer la compréhension.

Les enseignants, écartés de la phase d'élaboration de ces évaluations, le seront également pour la phase d'analyse des résultats de leurs propres élèves dont ils n'auront pas à corriger les tests. C'est pourtant eux les mieux à même d'identifier les obstacles auxquels sont confrontés les élèves dans leurs apprentissages et d'y apporter des réponses. Le SNUipp-FSU dénonce le fait que ce protocole, articulé aux différentes prescriptions concernant la lecture, fera glisser le métier d'enseignant d'un métier de conception vers un métier de simple exécution. 

Le SNUipp-FSU affirme que ces évaluations ne permettront en aucun cas de faire mieux réussir les élèves. Ce n'est pas en alarmant les familles et en renvoyant les enseignants à leur inefficacité présumée que le ministre œuvre pour l'école de la confiance. En voulant faire entrer de force le système éducatif et ses personnels dans la culture de l'évaluation et le pilotage par les résultats, il expose les jeunes élèves au risque d’échec précoce et cultive la méfiance de leur famille envers l’école.

Le SNUipp-FSU dénonce ce procédé et invite tous les enseignants à informer largement les familles sur la véritable nature de ces évaluations. Il s’est adressé aujourd’hui au ministère pour demander un moratoire afin de surseoir à leur passation. Par ailleurs, il appelle les équipes à reprendre la main sur l'évaluation, acte inhérent à la fonction d'enseignant, à ne pas les faire passer dans l’immédiat, ne pas saisir les réponses et à faire remonter les besoins de terrain.

Paris, le 13 septembre 2018

Pour le SNUipp-FSU, ces évaluations sont mal conçues : items inadaptés, temps limité, stress, aides non autorisées. De plus les enseignants sont cantonnés à la saisine des résultats, se voyant ainsi dépossédés de leur analyse. Considérant que ces évaluations ne peuvent être utilisées au bénéfice des apprentissages, le SNUipp-FSU adresse au ministère une demande de moratoire dans le but de surseoir à leur passation. De même, il a décidé de les rendre publiques et d'informer la profession pour l'aider à les analyser. Il appelle les équipes pédagogiques, via une motion à adopter en conseil des maîtres, à reprendre la main sur ces évaluations : sélections d'items, refus de passation dans l'immédiat. Il les engage à ne pas saisir les réponses et à remonter les besoins de terrain.

Les livrets d'évaluations et guides du maître 

Pour le CP : guide du maître, français 1, français 2, maths 

Pour le CE1 : guide du maître, français 1, français 2, maths

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