Faisons société

Mis à jour le 21.10.20

4 min de lecture

Les attentats fondamentalistes commis par des islamistes radicaux qui ont coûté la vie à Samuel Paty, enseignant en collège, la veille des vacances, puis à trois nouvelles personnes à Nice le 29 octobre, ont provoqué des vagues d’indignation. Ces attentats constituent des tentatives de déstabilisation et doivent être combattues pour ce qu’elles sont, une volonté de dresser des populations les unes contre les autres.

Le 16 octobre dernier, Samuel Paty était lâchement assassiné par un jeune homme de 18 ans. Cet assassinat était la terrible conséquence d’une cabale, menée notamment par un activiste, militant de l’islam radical, suite à une leçon d’EMC sur la liberté d’expression. Puis 13 jours plus tard, alors que la France se reconfinait, ce sont trois personnes qui ont été tuées à l’intérieur d’une église dans le centre de Nice.

Les points communs entre ces deux actes sont frappants. Des jeunes hommes s’en prennent à deux symboles, l’École et le lieu de culte d’une autre religion, dans une véritable stratégie de la tension. Le but : fracturer la société sur des bases religieuses et leur objectif est presque atteint, lorsqu’une grande partie de la classe politique reprend à son compte des arguments autrefois réservés à l’extrême-droite. La sortie du Ministre de l'Education nationale  sur l’Université qualifié de « nid d’islamo-gauchiste » ou celle du Ministre de l’intérieur sur une supposée « cuisine communautaire » dans les supermarchés en sont de bons exemples : ces propos intolérables et condamnés par le mouvement syndical ne font que renforcer ces fractures et donnent de l’eau au moulin à cette stratégie de division des terroristes.

Refuser les pièges, affirmer nos valeurs

Face à ces déferlements de haine, il est fondamental de rester extrêmement fermes sur les principes. Réaffirmer la liberté d’expression comme pierre angulaire de tout système démocratique et sur laquelle il ne saurait y avoir aucun compromis. Réaffirmer aussi que les intrusions permanentes dans les enseignements sont intolérables : les enseignantes et enseignants sont des professionnel·les formé·es qui exercent un métier difficile encadré par des programmes scolaires nationaux.

Réaffirmer enfin que les les discriminations sociales, territoriales, religieuses, racistes ou xénophobes sont le terreau de ces idéologies. Que les politiques, menées par le pouvoir, politiques qui sèment la désespérance, doivent au plus vite cesser pour faire place à plus de justice sociale et mettre fin aux discriminations que vivent des millions de nos concitoyen-nes.

C’est pour toutes ces raisons que la FSU, avec 24 autres associations et organisations syndicales ont tenu à signer ensemble un communiqué qui réaffirme la place essentielle de l’Ecole publique et laïque. Elles rappellent ainsi que "chaque jour, les personnels de l'éducation nationale contribuent à construire une République unie et fraternelle" et que « c’est par une politique ambitieuse d’éducation dans le cadre de l’École publique et laïque » et « par une politique de justice sociale que nous ferons reculer les périls obscurantistes et garantirons nos libertés. »

Le communiqué

Capture D’écran 2020 10 23 à 16.33.01

Face à l'obscurantisme, faisons grandir une société unie et fraternelle

Une fois encore, le visage horrible du terrorisme nous met au défi.

Assassiner et décapiter un enseignant, un professeur d’histoire-géographie en charge de l’enseignement moral et civique, c’est s'attaquer au cœur de notre société.

C'est s'attaquer à ces hommes et ces femmes qui se chargent sur tout le territoire national d’enseigner les savoirs, d’initier au débat argumenté, d’éveiller l'esprit critique et d’assurer la liberté de conscience.

C'est s'attaquer à l'ambition d'une école commune donnant à tous les jeunes les moyens de maîtriser leur avenir.

Dans toutes nos écoles, en exerçant leur métier, les professeurs et l’ensemble des personnels font vivre les valeurs républicaines, la liberté, la laïcité, en leur donnant sens. Chaque jour, par leur action patiente, enseignantes et enseignants, personnels de l’éducation nationale contribuent à construire une République unie et fraternelle, diverse et respectueuse, éclairée et apte au débat démocratique.

Face à l’obscurantisme qui a massacré l’un des nôtres et nous meurtrit, notre réponse doit être ferme et résolue. Cet acte a été commis au nom de l’islamisme intégriste. C’est bien cette idéologie et celles et ceux qui la portent qui doivent être combattu.es sans relâche.

Par ailleurs, la stigmatisation des musulman·es dans laquelle certaines forces politiques veulent entraîner le pays depuis bien des années ne peut que renforcer des clivages délétères et alimenter les machines de haine.

C’est par une politique ambitieuse d’éducation dans le cadre de l’École publique et laïque avec l’implication des mouvements d’éducation populaire complémentaire de l’enseignement public et des collectivités territoriales, pour transmettre et faire vivre les valeurs de la République, par une politique de justice sociale que nous ferons reculer les périls obscurantistes et garantirons nos libertés.

Parce que c’est le devenir même de la République, de son École publique et laïque et de notre Nation qui est en jeu et, avec elles, une part de celui du monde, nous appelons toute la population à construire cette réponse avec nous.