La classe à la maison questionnée

Mis à jour le 12.03.20

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Face aux fermetures d’écoles qui se multiplient, le ministère propose un dispositif en ligne. Une proposition scolaire qui ne permet pas, contrairement aux affirmations du ministre, une réelle continuité pédagogique.

Aux élèves et aux enseignants privés d’école pour cause de coronavirus, le ministère propose une plateforme en ligne intitulée « Ma classe à la maison ». Une plateforme qui permet de maintenir une offre scolaire mais montre une fois de plus la fracture numérique et les inégalités sociales qui vont avec.
Équipes enseignantes et familles sont appelées à se rendre sur la plateforme en ligne du CNED munies de leur adresse professionnelle pour les premières et personnelle pour les autres. Huit cours sont disponibles de la grande section de maternelle au CM2. Chaque cours propose, sous forme de fiches PDF, des modules d’activités pour une durée de quatre semaines. Un cahier de bord « organise le travail de l’élève sur la journée ».

Pas si simple

Le module « classes virtuelles » destiné à maintenir le lien entre les professeurs et les élèves et entre camarades de classe n’est ouvert que dans les académies concernées par les fermetures d’école. Les outils proposés ne sont pas adaptables pour des élèves en difficulté ou en situation de handicap. Les progressions sont « théoriques » et ne s’inscrivent évidemment pas dans les progressions et projets en cours de la classe. Quant aux activités d’entraînement, elles peuvent mettre en difficulté les élèves qui se retrouvent confrontés à des notions non encore découvertes en classe ou insuffisamment maîtrisées. Aucun module n’est proposé pour les petites et moyennes sections de maternelle. Des suggestions de jeux, d’activités motrices sans être consignées dans un cahier auraient pu être proposées. Quant à la grande section, de nombreuses activités visent des acquisitions expertes comme la copie en écriture cursive, des dénombrements au-delà de 10, l’identification des faces et arêtes des solides, des compétences plutôt maîtrisées en fin d’année.
Enfin « Ma classe à la maison » suppose un équipement informatique complet, la possibilité d’imprimer, une connexion haut débit pour les activités interactives et un espace de travail propice à la concentration de l’enfant.
Ce dispositif suppose également une bonne maîtrise du français écrit et d’être en connivence avec les codes de l’école. D’évidence, la continuité pédagogique n’est pas assurée.
Encore une fois le ministre aurait gagné dans sa communication à se montrer plus prudent sur la réalité de cet outil, notamment pour des élèves du primaire.