Laïcité : encore du chemin à parcourir

Mis à jour le 08.12.17

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A l’occasion de la journée nationale du 9 décembre, le SNUipp-FSU rappelle que si les valeurs de la laïcité doivent s’enseigner, elles doivent avant tout se vivre au quotidien dans les classes et irriguer l’ensemble de la société

Le 9 décembre marquera le 112e anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État. En garantissant le respect de la liberté de conscience et l’affirmation de valeurs communes, cette loi a eu pour effet de renforcer le principe fondateur de laïcité, base de l’enseignement public français dès 1882. 

La loi de 1905, très importante pour la cohésion sociale, est toutefois régulièrement soumise à interprétations abusives et restrictives, en particulier dans la sphère scolaire. De nombreuses remises en cause sont apparues au fil des années. Citons les polémiques relatives à la présence de repas de substitution dans les cantines, ou la circulaire Chatel de 2012 qui avait débouché sur la saisine du Conseil d’État. A la lecture de l’avis rendu, le SNUipp-FSU écrivait : « La circulaire de Luc Châtel ne peut donc être lue comme une interdiction systématique des mamans voilées lors des sorties scolaires ». Ce sont bien les personnels de l’école qui sont soumis au devoir de neutralité, et non les usagers. Trop souvent, la laïcité sert malheureusement de prétexte pour stigmatiser les populations issues de l'immigration.

C'est pourtant bien la bataille pour l'école laïque qui a permis d'aboutir à la République laïque. Mais les atteintes perdurent comme les régimes concordataires, le statut d’Alsace Moselle où l’enseignement religieux est pris sur les 24 heures de classe ou l'utilisation de fonds publics pour traiter les écoles privées de la même manière que l’école publique.

Charte de la laïcité

En 2013 paraissait la Charte de la laïcité à l'école, suivie en 2015 d’un livret qui indiquait « des pistes pour faire comprendre et vivre la laïcité ». En 2017, Jean-Michel Blanquer annonce la mise en place d’une « cellule laïcité » au sein du ministère. Constituée de juristes et d’experts, elle devra répondre aux « revendications religieuses et communautaires dans les établissements scolaires » et « aider les communautés éducatives à trouver les meilleures solutions afin que les valeurs de la République soient pleinement respectées et soient au centre de l’école. » Qu’apportera cette cellule aux référents laïcité déjà présents dans les académies, dont l’action mériterait sans doute d’être mieux connue ?

Pour le SNUipp-FSU, la laïcité doit s’enseigner, mais elle doit avant tout se vivre au quotidien dans les classes. Il s’agit en effet de construire des valeurs universelles, d'instruire le débat pour que les élèves se les approprient. Mais la laïcité est au cœur même de notre République. En choisissant de ne pas s'exprimer, le Président de la République laissera donc le ministre de l’éducation en première ligne... Une esquive qui renvoie une nouvelle fois à l’école une question qui concerne l'ensemble de la société.