Les personnels de l’ASH et la crise sanitaire

Mis à jour le 18.06.20

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Ces trois derniers mois, les équipes exerçant dans l’ASH se sont mobilisées pour assurer la continuité éducative auprès des enfants et des familles. Reste maintenant à leur donner enfin les moyens de faire au mieux leur travail auprès des publics les plus fragiles.

Comme leurs collègues de l’enseignement ordinaire, les enseignantes et les enseignants spécialisés, malgré les difficultés, ont répondu présent tout au long de la crise sanitaire. Une forme de continuité éducative et pas la « continuité pédagogique » dont le ministre de l’Éducation nationale s’est vanté et qui peut encore moins se concevoir dans le cadre d’un handicap, d’une mission d’inclusion, de difficultés sociales ou psycho-affectives. Ce leurre ministériel avait pour objectif premier de faire croire au grand public que l’école à distance était possible et qu’elle ne creuserait pas les inégalités scolaires.
La réalité a pourtant accentué les écarts, les difficultés, les inégalités. Elle a renforcé la fracture scolaire, surtout pour les élèves qui relèvent du spécialisé. Elle a mis en lumière que l’école est indissociable du présentiel.

Tout le monde sur le pont

Quoi qu’il en soit, les personnels spécialisés ont su mettre leur spécificité au service des élèves et de leurs familles. Des plateformes téléphoniques pour les Psy-EN des RASED, des soutiens individuels réalisés par les maîtres E et G, des pratiques pédagogiques innovantes chez les coordonnateurs et coordonnatrices d’ULIS et d’UE, dans les SEGPA et les ESMS, continuité administrative et pédagogique pour les ERH, maintien du lien avec les élèves dans les EREA, accueil de certains élèves dans les IME, volontariat pour accueillir les enfants des personnels soignants : le lien a été maintenu avec inventivité et engagement. Et ce, malgré des conditions matérielles souvent compliquées, des difficultés d’organisation, des attentes contradictoires entre Éducation nationale et services de soins et des situations personnelles d’élèves très particulières.

Des leçons à tirer

Tout comme cette crise a mis en avant l’utilité d’un hôpital public de qualité, elle a montré l’importance d’une école solide et qui dispose de tous les moyens dont elle a besoin, notamment pour prendre en charge les élèves les plus fragiles. Il va par exemple des RASED, et de l’importance qu’ils soient complets sur tout le territoire.
Or, le ministère s’attaque encore aux postes spécialisés pour la rentrée 2020. Certains resteront vacants et récupérés voire supprimés, faute de départ en formation. Certains ne sont même pas publiés au mouvement.
Et à l’heure de la reprise de l’école, les personnels spécialisés continuent d’être les « impensés » du déconfinement et de la situation actuelle. Pire, niant leur identité professionnelle, on les envisage parfois comme des bouche-trous pour pallier les manques dans l’enseignement ordinaire.
Combattre les inégalités devrait pourtant être un objectif prioritaire des pouvoirs publics. Au sein de l’école, à côté et dans la classe, des réflexions, des élaborations collectives et des aménagements pédagogiques sont nécessaires avec les enseignants spécialisés.
Les enseignements adaptés et des structures spécialisées sont utiles à certains enfants et ce afin de répondre à leurs besoins en fonction de leur niveau de développement. Il s’agit de rompre avec l’idée que tout doit se résoudre dans un contexte budgétaire restreint en dehors des besoins de ces enfants.

L’ASH contribue à la qualité du service public d’éducation, cette crise l’aura montré. Il s’agit désormais de la réinscrire pour de bon dans le projet éducatif de l’école du 21è siècle. Et de lui donner tous les moyens nécessaires pour remplir ses missions auprès des publics les plus fragiles.