Marseille : encore un coup de com…

Mis à jour le 30.06.23

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En visite à Marseille, le Président de la République a comme à son habitude fait une série d'annonces «chocs» sans évoquer une seule fois leur faisabilité concrète ni les moyens pour y parvenir. Décryptage d’un énième coup de com’ présidentiel, loin des enjeux et des besoins immédiats de l’École, des personnels, des élèves et de leurs familles.

Des vacances d’été trop longues ?

« L'inégalité revient quand on a des vacances de trois mois »
(E. Macron)

S’il souhaite interroger le temps des vacances d’été, Emmanuel Macron serait bien inspiré de partir du réel plutôt que de perpétuer un faux cliché d’une « exception française » de vacances trop longues. Ainsi, d’après la Commission Européenne, la durée en France des vacances d’été se situe dans la moyenne basse du continent : seuls 4 pays ont une durée de vacances d’été plus courte.

Par ailleurs, il oublie que les vacances peuvent permettre “d’apprendre autrement”. Il est vrai cependant que les vacances creusent les inégalités scolaires car elles ne peuvent être investies de la même façon selon les conditions sociales et territoriales des familles. Comme le rappelle Guislaine David, porte-parole de la FSU-SNUipp, sur France Inter dans l’émission Le téléphone sonne, la question des rythmes scolaires et de l’organisation des vacances est une question éminemment complexe. La FSU-SNUipp défend l’idée de prendre en compte les rythmes scolaires sur la totalité de l’année, il faut alterner 7 semaines de classe / 2 semaines de vacances. Alors que tous les chronobiologistes défendent cette idée pour le bien du rythme de l’élève, les ministères du tourisme et du transport s’opposent à cette possibilité. Parce que oui les vacances scolaires en France ne dépendent ni des élèves, ni des enseignants mais bien de l’économie du tourisme. La volonté de raccourcir la période de vacances entre Noël et février est bien dictée par les sports d’hiver et le nombre d’automobilistes sur les routes. Par ailleurs, à l’heure du réchauffement climatique et des plans canicule à mettre en œuvre dans les écoles, l’idée de raccourcir les vacances d’été sonne comme une véritable incohérence.

La scolarisation des moins de 3 ans

« On va développer l’accueil des enfants en milieu scolaire dès deux ans pour ceux qui le veulent »
(E. Macron)

La scolarisation des moins de 3 ans est un levier de la réussite scolaire car elle permet de combattre les déterminismes liés à l’origine sociale. Elle a néanmoins été divisée par 3 depuis 2000 et a continué de baisser depuis la première élection d’Emmanuel Macron. Alors qu’en 1999/2000, 35,20% des enfants de moins de trois ans étaient scolarisés, publics et privés confondus, ils n’étaient plus que 9,8% à fréquenter l’école en 2021/2022. Car cette scolarisation nécessite des moyens pour permettre de baisser les effectifs dans les classes, pour recruter des ATSEM à temps complets, pour permettre aux personnels de se former… L’inverse de la politique actuelle.

Une baisse des effectifs en maternelle

« Moins d’élèves par classe en moyenne section en maternelle  »
(E. Macron)

La politique ciblée de réduction des effectifs par niveau est une constante de la politique scolaire initiée par Jean-Michel Blanquer et poursuivie par Pap Ndiaye. Alors que ces dispositifs n’ont jamais été évalués depuis leur création il y a 6 ans, c’est désormais la Moyenne Section qui pourrait faire l’objet d’une telle mesure. Mais cette annonce est faite avec moins de moyens que les années précédentes ! En effet, le nombre de postes ouverts au concours est le plus faible depuis 2013. Et tous les postes sont loins d’êtres pourvus car la crise d’attractivité perdure. C’est donc une annonce qui se traduirait par une augmentation des effectifs des autres niveaux (Petite Section comprise), par une accentuation de la crise du remplacement… Loin de tout objectif de lutte contre l’échec scolaire.

En ce qui concerne l’ouverture des collèges de 08H00 à 18H00, le SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le second degré, a lui aussi réagit.

L’École mérite mieux qu’un traitement médiatique destiné à s’adresser à la population plutôt qu’à résoudre ses problèmes. Si le Président souhaite faire des annonces qui améliorent la réussite des élèves, la FSU-SNUipp lui recommande la lecture de son livre blanc qui porte un vrai projet ambitieux pour l’école. Mais cela nécessite des actes, bien plus que des discours…