Retraites, une unité renforcée
Mis à jour le 09.06.23
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Le refus par la Présidente de l’Assemblée nationale d’examiner la proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites marque l’adoption définitive du report de l’âge légal de départ. Néanmoins, la mobilisation historique autour d’une intersyndicale unie face à un gouvernement et un Président dans le déni démocratique laisse entrevoir pour le mouvement social de nouveaux combats intersyndicaux.
La loi définitivement adoptée
La proposition de loi Liot d’abrogation du texte a été empêchée d'être examinée, conformément à la stratégie de l'exécutif. Par conséquent, avec la publication des décrets d’applications, la réforme des retraites avec son report de l'âge légal de départ peut être considérée comme adoptée.
Dès l’annonce de ce nouveau projet début 2022, une analyse minutieuse, notamment de fact checking, a été menée par les opposant·es contribuant ainsi au rejet massif de cette réforme par l’opinion publique. Tout au long du processus de mobilisation initié par l’intersyndicale, les taux de grève sont restés significatifs dans l’Education nationale et le nombre cumulé de manifestant·es a fait rentrer ce mouvement dans l’histoire sociale de notre pays.
Sans majorité à l’Assemblée nationale, face à une intersyndicale unie, l’exécutif a fait le choix du passage en force et du déni démocratique. En dévoyant l’esprit de la constitution, en multipliant les provocations comme les interdictions préfectorales de « dispositifs sonores portatifs », en laissant un climat de violence s’installer dans les manifestations, l'exécutif s’est totalement discrédité. Aujourd’hui, Emmanuel Macron se retrouve avec une côte de popularité de seulement 30%, soit une baisse de 12 points par rapport au lendemain de sa réélection.
Des acquis à préserver pour le futur
La profession enseignante ainsi que les AESH ont démontré une capacité de mobilisation exceptionnelle, avec des taux de grévistes significatifs, et souvent majoritaires, maintenus sur plusieurs journées. Cette prise de conscience de leur capacité à paralyser le pays grâce à la grève a marqué un tournant majeur : celui de la reconnaissance de leur force collective. De plus, il est important de souligner la prise de conscience des inégalités de genre par l’opinion publique. Il est maintenant admis par toutes et tous que les femmes seront les grandes perdantes. Les actions féministes, telles que les Rosies, ont été mises en avant dans les cortèges pour dénoncer et lutter contre ces inégalités.
L’unité syndicale a joué un rôle crucial en rassemblant un large éventail d’acteurs et d’actrices. En élargissant ses mots d’ordre à la question des salaires, de l’égalité femmes-hommes ou des conditions de travail, l’intersyndicale montre sa volonté de continuer de peser dans le rapport de force à venir pour obtenir des avancées sociales.
Parallèlement, la diversification des modes d'actions a renforcé les liens interprofessionnels. Les manifestations du samedi, les blocages et les casserolades, en complément des journées de grève, sont devenus des moyens efficaces pour rendre visibles les revendications et exercer une pression collective. Ce qui a contraint notamment le Ministre Pap Ndiaye à se déplacer en catimini craignant une opposition à chaque visite.
Malgré la mise en place arbitraire de cette contre-réforme et la fatigue en cette fin d'année scolaire, l'hiver et le printemps 2023 ont apporté un nouvel élan. Il nous appartient collectivement de le poursuivre dès septembre, afin de prolonger les résistances communes et d'œuvrer en faveur d'autres choix pour l'école, nos salaires, ainsi que pour les services publics et la société dans son ensemble.