Retraites, les femmes toujours perdantes !

Mis à jour le 02.02.23

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"Les femmes, pour atteindre leur durée de cotisation, utilisent notamment des trimestres validés par enfant […] Évidemment si vous reportez l’âge légal (à 64 ans), elles sont un peu pénalisées. On n'en disconvient absolument pas” : Ces propos tenus par Franck Riester, Ministre chargé des relations avec le Parlement, le 23 janvier au soir viennent contredire les déclarations de la première Ministre clamant que les femmes seraient gagnantes lors de ses présentations de la réforme. Un aveu d’injustice qui renforce la détermination des organisations syndicales à mettre en échec le projet gouvernemental. Explications.

Notre système de retraite définit le montant de la pension en fonction d’un nombre d’annuités validées et d’un salaire de référence. Toutes les différences et inégalités salariales subies par les femmes pendant la vie active ne sont pas seulement reproduites à la retraite, mais amplifiées.

Des carrières plus hachées

L’allongement de la durée de cotisation est injuste car il pénalise les personnes qui ont des carrières courtes, hachées (chômage, temps de travail incomplet), et qui, déjà aujourd’hui, n’atteignent pas la durée de cotisation exigée.
Ce sont en majorité des femmes dont la durée de carrière reste encore inférieure à celle des hommes, de plus de 2 ans en moyenne (pour la génération 1950, source DREES 2022). À l’heure actuelle, 20 % de femmes sont ainsi contraintes d’attendre l’âge d’annulation de la décote (67 ans) pour toucher leur pension à taux plein. Mais l’usure au travail permet rarement de tenir jusqu’à cet âge là… D’autres chiffres sont tout aussi parlant : 52 % des femmes retraitées perçoivent ainsi une pension mensuelle inférieure à 1 000 €, contre 20 % des hommes. Et ce n’est pas la prise en compte des congés parentaux dans les carrières longues (début du salariat avant 20 ans), et dans la limite de 4 trimestres sur l’ensemble de la carrière qui changera cet état de fait.

Des salaires plus bas

En théorie, dans la Fonction publique les écarts de salaire entre femmes et hommes ne devraient pas exister, notamment grâce aux grilles indiciaires. Mais cela serait sans compter sur les facteurs exogènes et structurels qui assignent des “rôles” aux femmes dans notre société. Dans son «rapport de situation comparée relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes» du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports" de 2019-2020, le Ministère constate une différence de 13%, hors temps partiel, entre enseignantes et enseignants. Ce que pointe ce rapport c’est que l’égalité théorique se confronte au réel de carrières différenciées. Avec plus d’un personnel femme sur 10 à temps partiel, quand cela concerne moins d’un personnel homme sur 30, les carrières féminines sont plus interrompues, les promotions moins rapides et génèrent in fine une importante différence de salaire… qui se répercutent dans le niveau de pension !
Le rapport sur les objectifs et les effets du projet de réforme des retraites est très clair. Les femmes seront davantage concernées que les hommes par le recul de l'âge de départ à la retraite, de 62 à 64 ans, sans pour autant leur offrir une meilleure pension. Selon cette étude, “cette hausse moyenne est plus marquée pour les femmes (+7 mois) que pour les hommes (+5 mois) “ (p.86)

Cette réforme est injuste et brutale, particulièrement pour les femmes. Des raisons supplémentaires, dans des professions fortement féminisé·es, de se mettre en grève le 7 février et de marcher le 11 février.