Revalorisation : vous avez dit choyés ?!
Mis à jour le 17.12.20
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Jean-Michel Blanquer promettait une "revalorisation historique". Le point sur cette dernière et sur la situation des salaires des personnels enseignants et AESH.
Revalorisation : vous avez dit choyés ?!
Le 16 novembre dernier, Jean-Michel Blanquer annonçait à grands renforts médiatiques une revalorisation, avec une enveloppe de 400 millions d’euros pour 2021. Les sommes avancées, même si elles ne sont pas négligeables en début de carrière, sont pourtant loin de compenser la perte de pouvoir d’achat sans précédent subie par les personnels avec le gel du point d’indice depuis plus de 10 ans. Cette revalorisation sera encore moindre pour les contractuels. La « prime d’attractivité », comme l’a surnommée le ministre, versée à partir de mai 2021 ne bénéficiera finalement qu’à 31 % des personnels.
Au-delà circulez… Les autres enseignantes et enseignants, exerçant « devant élèves », devront se contenter d ’une prime annuelle d’équipement de 150 euros... Une plaisanterie ou une méconnaissance totale des prix du marché en matière d’équipements informatiques ?
COMPARATIF DES MESURES BLANQUER DE REVALORISATION AVEC LES PERTES DE POUVOIR D’ACHAT ENTRE 2010 ET 2020
Les salaires des personnels enseignants et des AESH
Les PE français en comparaison de leurs homologues des pays de l’OCDE
Malgré un nombre d’heures de classe supérieur et des effectifs plus importants, les enseignantes et enseignants français touchent en moyenne 37 % de salaire en moins que la moyenne des onze pays comparables au bout de 15 ans d’exercice et 23% de moins que la moyenne des pays de l'OCDE.
Rémunérations inférieures aux autres cadres de la fonction publique
Pourtant classés en catégorie A, les enseignantes et les enseignants perçoivent des rémunérations très inférieures à celles des autres cadres de la Fonction publique. En raison d’indemnités qui constituent plus de 30% de leur rémunération, certain·es agent·es classé·es en catégorie B ont une rémunération moyenne supérieure à celle des PE.
En comparaison les primes et indemnités des enseignantes et des enseignants du 1er degré constituent 7% de leur traitement. Ainsi un brigadier de la police nationale, fonctionnaire de catégorie B, gagne en moyenne 2 777 euros quand la moyenne des PE se situe à 2 404 euros.
Salaire net global moyen en euros (dont primes et indemnités)
Source : rapport annuel FP 2019, chiffres de 2017
Écarts avec le second degré
Depuis 1990, les PE sont recruté·es au même niveau que celui des professeur·es certifié·es. Ce même niveau de recrutement affichait l’ambition d’une égale reconnaissance du métier enseignant.
Mais la différence de rémunération existe toujours : elle s’explique par un régime indemnitaire plus important dans le second degré, par l’ajout d’heures supplémentaires (quasi-inexistantes dans le 1er degré) et par un accès à la hors classe qui est resté longtemps nettement plus favorable.
Et par rapport au SMIC ?
Alors que le métier de professeur des écoles n’est accessible qu’à partir de bac+5, un·e enseignant·e débutant·e ne touchera en premier salaire que 1,21 fois le SMIC (soit 1 480 euros net). Il ou elle devra attendre 6 années de carrière pour toucher 1,5 fois le SMIC, et environ 20 années de carrière pour toucher 2 fois le SMIC.
Et pour les femmes ?
Alors que l’égalité salariale est garantie par le statut de la Fonction publique, on constate des écarts significatifs entre les femmes et les hommes. Dans le premier degré, le salaire net des hommes est ainsi supérieur de 11% à celui des femmes.
Et c’est bien le déroulement de carrière (rythme de passage au sein de la classe normale, accès à la hors-classe et à la classe exceptionnelle) qui est déterminant. L’écart salarial s’accroît ainsi de quinze jours de salaire en début de carrière jusqu’à plus d’un mois et demi de salaire en fin de carrière.
Et pour les AESH ?
Grand·es oublié·es des annonces, les AESH sont pourtant plus de 100.000 dans les écoles ce qui représente un tiers des effectifs enseignants. Les AESH peuvent prétendre à un CDI, au bout de 6 ans de CDD, mais à ce jour il n’existe aucun statut de fonctionnaire pour ces fonctions pourtant indispensables dans cette école dite inclusive.
Leurs rémunérations peuvent évoluer sur une grille comptant 8 niveaux (de l'indice 329 à l'indice 363) et le salaire maximum est de 1 390 euros net pour un temps complet. Or plus de 96 % des AESH sont en temps incomplet, avec en moyenne un service de 24h hebdomadaires pour une quotité de travail de 61 %, ce qui se traduit par des salaires nets mensuels compris entre 750 et 850 euros.
Le SNUipp-FSU réclame une revalorisation qui soit déconnectée du dossier des retraites, en agissant sur la grille des salaires avec un accès pour toutes et tous aux indices terminaux du corps des PE et une réelle égalité entre les femmes et les hommes. Il s’oppose à toute contrepartie ou prime au mérite et réclame le maintien du pouvoir d’achat en augmentant fortement la valeur du point d’indice. Une première étape d'un vrai « Grenelle », ce serait 300 € par mois dès maintenant et une réelle égalité entre les femmes et les hommes.