Salaires : peser pour être entendu·es
Mis à jour le 07.10.22
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Annoncées juste après la nomination du ministre, les discussions sur les salaires ont commencé après une journée de mobilisation plutôt suivie dans les écoles. Et rien n’est encore acquis.
Plusieurs axes de travail
Suite aux annonces gouvernementales précédentes, deux axes principaux sont retenus.
Le premier axe serait une augmentation “sans conditions” qui toucherait l’ensemble des collègues, de façon disparate selon le moment de la carrière. Les augmentations directes de rémunérations concerneraient principalement la première moitié de carrière, jusqu’à 20/25 ans. Pour les personnes en fin de carrière, le Ministère a proposé d’agir sur les changements de grade en augmentant le nombre de possibilités d’accès à la hors-classe et à la classe exceptionnelle, qui permettent de continuer à accéder à des indices supérieurs.
L’autre axe d'augmentation salariale se situe dans l’exercice de nouvelles missions, le « pacte ». Le SNUipp-FSU est intervenu pour rappeler le temps de travail enseignant déjà conséquent, 44h selon la DEPP et la non reconnaissance de tâches déjà effectuées. Il a par ailleurs pointé l’aspect discriminant du point de vue Femme/Homme que pouvait revêtir ce type de choix, les femmes ayant moins la possibilité d’accepter des charges supplémentaires.
Enfin, et c’est une victoire syndicale, le ministre a affirmé que l’ensemble des personnels exerçant en REP/REP+ (AESH, CPC, Psy EN…) bénéficierait de la prime afférente.
Un cadre contraint, des priorités reconnues ?
Le ministre a rappelé le cadre budgétaire : 935 millions pour 2023, 635 sur les rémunérations sans contreparties, 300 sur le «pacte», ce qu’il a qualifié «d’effort sans précédent». Cette qualification est loin d’être partagée par la FSU.
Par ailleurs, Pap Ndiaye a dit reconnaître la charge de travail actuelle des enseignantes et enseignants. Plutôt que de nouvelles missions, il axe donc son discours sur la reconnaissance de tâches déjà effectuées.
Enfin, il s’est dit attentif à l’impact des arbitrages à venir, notamment vis-à-vis des nouvelles missions, du point de vue de l’égalité professionnelle.
Les discussions se poursuivront en octobre, novembre. Les arbitrages seront connus en février/mars.
Des annonces qui ne répondent pas à l’urgence
Ces annonces font suite aux nombreuses mobilisations des personnels pour exiger le respect dû à leur travail, dont la dernière en date fut le 29 septembre. C’est aussi le résultat du travail de fond syndical auprès de la presse et du grand public de mise en avant de l’insuffisance des rémunérations des personnels de l’Education nationale. Néanmoins, elles ne répondent pas à l’urgence salariale et plusieurs points doivent être éclaircis.
Ainsi, alors que le déclassement salarial est réel pour tous les personnels, les perspectives d’évolution salariales sont variables selon l’ancienneté voire inexistantes pour les fins de carrière. Cela ne correspond pas à la revendication de 300 euros pour toutes et tous portée par le SNUipp-FSU.
D’autre part, le lissage des carrières (nivellement des salaires) que ces annonces laissent entrevoir, aurait pour conséquence l’absence de perspectives salariales. Dans le cadre de «l’école du futur», chère au Président, il est probable que l’acceptation de nouvelles missions, celles que l’administration aura édictées comme bénéfiques, soit la seule solution pour les personnels de voir leurs rémunérations augmenter de façon un tant soit peu significative.
Cependant, concernant ce «pacte», le ministre parle de « reconnaissance de missions déjà effectuées ». Celles-ci devraient être rémunérées en tant que telles. Au-delà du temps d’enseignements, la responsabilité de chaque PE vis-à-vis de sa classe pourrait par exemple être reconnue par un doublement de l’ISAE, à l’image des professeur·es principaux·ales de collèges et lycées.
Les AESH, sont-elles et eux totalement oublié·es pour le moment des revalorisations prévues en dehors du versement des primes REP et REP+. Plus de 120 000 personnels, précarisés par un temps partiel subi, sont ainsi invisibilisés pour le moment par la rue de Grenelle.
S’il faut acter positivement l’ouverture de négociations, force est de constater que le compte n’y est toujours pas : pas de plan pluriannuel, conditionnement de certaines augmentations à de nouvelles missions, différenciation des augmentations selon l’ancienneté…
Le SNUipp-FSU continuera à porter les revendications des personnels dans les concertations et auprès de l’opinion publique et saura, si nécessaire, se faire entendre par la mobilisation. La première étape, c’est 300 euros nets pour toutes et tous.