Travail égal = salaire égal

Mis à jour le 23.02.22

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En théorie, dans la Fonction Publique les écarts de salaire entre femmes et hommes ne devraient pas exister, notamment grâce aux grilles indiciaires. Mais cela serait sans compter sur les facteurs exogènes et structurels qui assignent des “rôles” aux femmes dans notre société. Le SNUipp-FSU décrypte cette situation. Il porte des revendications pour mettre fin à ces inégalités et la nécessité de construire la grève féministe du 8 mars.

Une égalité théorique

La Fonction Publique doit offrir des carrières transparentes et égalitaires du point de vue salarial. Les principes de rémunération via une grille indiciaire et des grades (classe normale, hors-classe..) ainsi qu’une garantie d’avancement au sein de ces grades doivent permettre d’assurer un traitement indifférencié selon le genre des personnes qui exercent ces différents métiers. Malgré tout, dans son “rapport de situation comparée relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports" de 2019-2020, le Ministère constate une différence de 13%, sans prise en compte des temps partiels, entre enseignantes et enseignants.

Des carrières différenciées, des projections différentes

Ce que pointe ce rapport c’est que l’égalité théorique se confronte au réel de carrières différenciées et à d’autres causes aux origines plus profondes. Avec plus d’un personnel femme sur 10 à temps partiel, quand cela concerne moins d’un personnel homme sur 30, les carrières féminines sont plus interrompues et génèrent une importante différence de salaire. Cette différence impacte leur déroulement de carrière et leur accès aux promotions. Et l’écart actuel de 40% des pensions de retraites entre les femmes et les hommes montrent bien les conséquences, notamment de ces carrières hachées, sur le salaire réel.

Plus généralement, les représentations sociales dominantes ont tendance à attribuer plus volontiers aux hommes les qualités d’autorité, de leadership et de gestionnaires. Cela provoque une difficulté pour les femmes à se projeter, un sentiment d'illégitimité à évoluer dans les carrières… Même dans les couples d’enseignants, “quand il y a des projets d’évolution de carrière (...) c’est le plus souvent l’homme qui s’oriente vers de nouvelles formations, nouveaux concours, nouveaux métiers.” souligne Françoise Lantheaume.
S’y ajoute une répartition toujours genrée des tâches éducatives et domestiques au sein de la cellule familiale. Se projeter dans sa carrière, nécessite “du temps disponible” ce dont les femmes disposent moins que les hommes à raison de presque 1H30 par jour selon l’INSEE.
C’est le "plafond de verre” qui désigne l’ensemble des freins invisibles mais bien réels à l’égalité.

Quant aux carrières précaires, elles concernent principalement les femmes : plus de 90% des AESH sont des femmes, 67,5% des contractuel·les de la Fonction publique aussi

Rompre avec ces logiques

L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, déjà présente dans l’accord PPCR, a fait l’objet de deux accords spécifiques, dans la Fonction publique, en 2013 et en 2018, avant que la loi dite "de transformation de la Fonction publique" (LTFP) n'y consacre son titre V. Par son action, la FSU a permis des avancées dans la rédaction de cet accord qu’elle a signé le 30 octobre 2018. Ainsi désormais la loi prévoit un avancement équilibré : L’objectif est de promouvoir les femmes à hauteur de ce qu’elles représentent dans leur corps, et a minima, à hauteur de ce qu’elles représentent parmi les promouvables.
Ces avancées doivent s’accompagner d’une résorption de la précarité qui touche principalement les femmes, à commencer par la création d’un statut et une rémunération digne pour les AESH.

Enfin, sur le long terme, des mesures permettant de briser le plafond de verre doivent être actées : accès facilité aux gardes d’enfants par le développement des services publics, éducation à l’égalité dès la petite enfance pour lutter contre l’effet pygmalion, non pénalisation des interruptions de carrière, renforcement des mesures paritaires…

Des carrières égales, moins de précarité pour rompre avec les inégalités : voilà une partie des combats féministes que portent la FSU et le SNUipp-FSU. Le syndicat appelle, pour y parvenir, à construire la mobilisation du 8 mars et les grèves féministes.