Trois semaines pour agir
Mis à jour le 01.04.21
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Une semaine en distanciel et deux semaines de vacances dézonées. Cette décision était devenue incontournable suite à un déni doublé d'une gestion incohérente et peu transparente de la crise sanitaire dans les écoles. Loin d'anticiper ce scénario, le ministre place les enseignant.es et les familles dans une urgence organisationnelle. Pire, il ne semble pas davantage anticiper la réouverture prévue le 26 avril et continue d'ignorer la nécessité de mesures de protection pour les personnels et la population. Le SNUipp-FSU appelle le gouvernement à se saisir des trois semaines à venir pour enfin mettre en place une stratégie permettant le maintien en présentiel du service public d'éducation dans un cadre sanitaire sécure.
Les dernières mesures de freinage de l’épidémie concernent enfin l’école. Elles signent l’échec de la stratégie poursuivie jusqu’alors, pour la société dans son ensemble comme pour l’école. En effet, le déni et l'inaction du ministre de l'éducation comme du gouvernement s'ajoutent à la non prise en compte des alertes et demandes faites depuis de nombreuses semaines, dont celles du SNUipp-FSU, et sont responsables de cette situation.
Les annonces d’une semaine en distanciel suivie de deux semaines de vacances dézonées étaient ainsi devenues inévitables suite à une perte de contrôle sur l'épidémie. Elles s'accompagnent hélas d'une énième impréparation qui placent une nouvelle fois les enseignant.es, les élèves et les familles dans des urgences organisationnelles intenables. La charge pesant sur les directrices et directeurs devient à ce titre difficilement supportable.
Dans un premier temps, la semaine écourtée à venir va prendre la forme d'un lien scolaire préparé dans l'urgence par les équipes enseignantes. Les formes de ce lien doivent être laissées à libre appréciation des PE qui sont riches de l'expérience du premier confinement, sans injonctions hiérarchiques sur le contenu. Cette période l'a prouvé : tenter de faire apprendre des notions nouvelles à distance, c'est mettre en difficulté les élèves et leur famille, particulièrement ceux des classes populaires. Or rien n'a été construit depuis l'année dernière: ni analyse des difficultés rencontrées, ni investissement en équipement que ce soit pour les PE ou pour les familles. Le ministre de l'Education n'a pas davantage pris en compte l'impact du confinement de l'an dernier sur les apprentissages des élèves: loin du nécessaire plan d'urgence pour l'école, les fermetures de classe se poursuivent.
Le fantasme d'une reprise normale
De même, le ministère semble compter sur un "effet magique" de résolution de circulation de l'épidémie et n'anticipe pas davantage sur les conditions de la réouverture des écoles maternelles et élémentaires prévue le 26 avril. Il ne dit rien sur une quelconque mise à profit de ce temps pour préparer l’école à un retour sécure en présentiel.
Maintenir l'école sous pandémie ne peut être assurée comme une séance d'improvisation. Pendant les deux semaines de vacances communes, alors que les personnels des écoles et leurs élèves prendront une coupure nécessaire et salutaire suite à des conditions d'enseignement et d'apprentissage dégradées, le ministre serait bien avisé de se mettre enfin au travail et d'anticiper les conditions de reprise des écoles afin qu'elles puissent pleinement jouer leur rôle pédagogique comme social.
Pour le SNUipp-FSU, cela signifie un accès prioritaire à la vaccination pour les personnels travaillant dans les écoles dans le cadre d'un calendrier rapide, la définition des cas contacts identique à celles en vigueur dans le reste de la population, la règle de fermeture de classe fixée partout à un cas avéré, des tests salivaires massifs ciblés et réalisés partout de façon hebdomadaire, les locaux équipés de capteurs CO2, des masques chirurgicaux fournis aux élèves et aux personnels, des classes allégées… Le syndicat estime également indispensable une expertise scientifique plurielle et indépendante pour évaluer à l’aune de la situation épidémique la possibilité de rouvrir les écoles.
Le SNUipp-FSU œuvrera activement avec la communauté éducative pour obtenir du gouvernement ces conditions de reprise permettant la continuité du service public d’éducation tout en protégeant les personnels, les élèves, leur famille et l'ensemble de la population.