Cultiver le goût des albums

Mis à jour le 30.08.24

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L’accès à la littérature jeunesse constitue un enjeu majeur dans la construction de l’enfant

L’accès à la littérature jeunesse constitue un enjeu majeur dans la construction de l’enfant pour donner sens et plaisir à la lecture dans sa dimension culturelle. Au regard des inégalités socio-culturelles liées notamment à la sphère familiale, le rôle des PE s’avère déterminant dans la transmission du goût et du partage de la lecture d’albums.

Bien plus qu’un support favorisant l’imaginaire ou un simple outil pédagogique pour l’apprentissage de la lecture, la littérature destinée à la jeunesse apparaît comme l’un des socles essentiels de la construction et de l’émancipation de l’enfant. Qu’il s’agisse d’albums, de bandes dessinées ou de romans adaptés aux lecteurs et lectrices les plus jeunes, la littérature jeunesse véhicule de nombreux enjeux culturels, sociaux et pédagogiques dans lesquels les PE ont un rôle essentiel à jouer. 

Tous les enfants sont loin d’être égaux face aux livres. Certes, selon l’étude Elfe, dès l’âge d’un an, 96% des enfants ont au moins un ouvrage à la maison, mais le nombre, la qualité et le type de livres à leur disposition varient selon l’environnement socio-culturel des familles (page 16). De même, les usages et le temps de lecture avec les parents sont loin d’être homogènes. Ainsi 21% des mères et 40% des pères de cette étude ne lisent jamais d’albums avec leurs enfants âgés d’un an.

À l’école, la médiation des professeurs permet à l’enfant de découvrir le monde à travers une littérature adaptée à ses capacités cognitives et à sa faculté à s’approprier les mots et les images qui défilent sous ses yeux. Les albums, choisis avec soin, sont en particulier une richesse culturelle incontournable.

LEVER LES IMPLICITES ET LES NON-DITS POUR APPRÉHENDER LE SENS DU RÉCIT

Dès la maternelle, une démarche pédagogique axée sur la littérature jeunesse contribue à l’accès de toutes et tous à une culture commune. « La culture des familles pour une grande majorité n’est pas dans la connivence avec la culture scolaire, observe Stéphane Bonnery, professeur en sciences de l’éducation. Les albums qu’elles possèdent comportent bien moins d’implicites en général que ceux présents dans les familles plus cultivées » (page 16).

Pour lever ces implicites, explorer les non-dits ou les diverses interprétations et appréhender le sens du récit, les PE sont nombreux à aller au-delà de la seule oralisation d’albums. C’est le cas de la classe de GS de l’école maternelle Pasteur à Nice (pages 16-17). Dans cet établissement situé en REP +, Laure Ginouse, enseignante, suscite réflexions et interprétations pour progressivement apprendre à comprendre. Elle travaille en particulier sur les états mentaux des personnages « pour saisir le cheminement logique entre deux actions » car « certains peuvent mémoriser le texte par cœur sans comprendre ». À l’école Schoepfling de Strasbourg, une rencontre entre les élèves de CP et l’autrice-illustratrice Clotilde Perrin favorise l’appropriation par les enfants de l’univers créatif de l’artiste. Une expérience assez magique qui, selon la PE Emmanuelle Malaisé, a permis à la classe de découvrir la littérature par un prisme inédit (page 18). « Rencontrer l’artiste, c’est donner du vivant au livre, témoigne-t-elle. Un événement qui conforte l’envie de lire, et de créer aussi ».

’’La littérature jeunesse véhicule de nombreux enjeux culturels, sociaux et pédagogiques dans lesquels les PE ont un rôle essentiel à jouer’’

DÈS LES PREMIÈRES ANNÉES

Chercheurs et chercheuses en sciences de l’éducation valident les démarches pédagogiques basées sur la découverte du livre dès les premières années du parcours scolaire de l’enfant et l’implication des enseignant·es dans ce processus. « Le PE doit jouer le jeu d’une lecture subjective de l’ouvrage, accepter d’être bousculé pour identifier les nœuds auxquels les élèves seront éventuellement confrontés. Ces situations-problèmes seront une richesse pour impliquer tous les élèves dans une démarche interprétative », affirme Magali Fourgnaud, maîtresse de conférences en langue et littérature à l’université de Bordeaux (page 17).

’’Découvrir l’autre, l’ailleurs, et se questionner soi-même’’

Pour la médiatrice et critique de littérature jeunesse Joëlle Turin, le livre pour enfant constitue d’abord « un vecteur extraordinaire de relations » (page 19). « Cette littérature est une ouverture fabuleuse au monde, dans un double mouvement : découvrir l’autre, l’ailleurs, et se questionner soi-même. C’est à la fois adopter d’autres points de vue et percevoir une dimension universelle », précise-t-elle. Sans oublier le partage du bonheur de lire. « Partager des lectures, celles que l’on aime, celles que l’on a choisies avec soin pour leurs qualités artistiques, leur art, leur problématisation ou leur manière de raconter. Les lire en les habitant, en les incorporant pour en faire ressentir leur vitalité, leur beauté ».

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